En 1940, une jeune femme de 18 ans écoute, depuis un château du Poitou, un discours radiophonique qui va changer sa vie. Ce jour-là, l’Appel du 18-Juin résonne dans son cœur comme un cri d’espoir face à l’occupation. Cette femme, c’est Odile de Vasselot, une figure de la Résistance française, qui s’est éteinte à Paris en avril 2025, à l’âge de 103 ans. Son parcours, mêlant courage, foi et transmission, continue d’inspirer.
Une Vie au Service de la Liberté
Née en 1922 dans une famille noble de Saumur, Odile grandit dans un environnement marqué par l’honneur et le devoir. Son père, militaire gaulliste, est fait prisonnier dès les premiers jours de la guerre. Ce drame personnel forge sa détermination. À peine bachelière, elle décide de s’engager, portée par une conviction profonde : il faut résister à l’oppression.
Les Premiers Pas dans la Résistance
Le 11 novembre 1940, Odile participe à une manifestation sur les Champs-Élysées, l’un des premiers actes publics de défi contre l’occupant. Ce geste, audacieux pour une jeune femme de son âge, marque le début de son engagement. Sous le pseudonyme de « Danièle », elle rejoint le réseau Zéro, chargé de transporter des courriers secrets entre Paris et Toulouse. Chaque mission est un pari risqué : un contrôle inopiné peut signifier l’arrestation, voire la mort.
« J’ai su instinctivement qu’il fallait agir. »
Odile de Vasselot, évoquant l’Appel du 18-Juin
Ses missions exigent une discrétion absolue. Elle apprend à se fondre dans la foule, à mémoriser des messages sans jamais les écrire, à anticiper les dangers. Ce rôle de passeuse, comme elle se définira plus tard, devient le fil conducteur de sa vie.
Le Réseau Comète : Une Mission d’Évasion
Odile intègre ensuite le Réseau Comète, une organisation dédiée à l’exfiltration d’aviateurs alliés abattus en territoire occupé. Sous le nom de code « Jeanne », elle guide ces soldats à travers la France, de la Belgique jusqu’à l’Espagne, pour leur permettre de rejoindre la Grande-Bretagne. Chaque traversée est un périple semé d’embûches : checkpoints allemands, trahisons potentielles, fatigue physique et morale.
Pour réussir, Odile s’appuie sur son sang-froid et sa connaissance du terrain. Elle organise des itinéraires, sécurise des planques, coordonne avec d’autres résistants. Son rôle est crucial : un seul faux pas peut compromettre toute la chaîne. Pourtant, elle persévère, animée par la conviction que chaque aviateur sauvé est une victoire contre l’ennemi.
Faits marquants du Réseau Comète :
- Plus de 700 aviateurs alliés exfiltrés.
- Opérations menées sous constante menace allemande.
- Collaboration étroite avec les résistances belge et française.
La Libération de Paris : Un Tournant Héroïque
En août 1944, Odile joue un rôle clé lors de la Libération de Paris. En tant qu’agente de liaison, elle transmet des messages vitaux entre les groupes de résistants et les forces alliées. Ces missions, souvent effectuées sous les tirs, exigent un courage exceptionnel. Lors d’une opération particulièrement périlleuse, elle échappe de justesse à la mort, un épisode qu’elle racontera plus tard avec une modestie désarmante.
La Libération marque un tournant. Paris retrouve sa liberté, et Odile, à seulement 22 ans, a contribué à cet élan historique. Mais pour elle, la guerre ne se termine pas avec la victoire : elle choisit de consacrer sa vie à transmettre les leçons de cette période.
Après la Guerre : Une Vie de Transmission
Après le conflit, Odile obtient une licence d’histoire à la Sorbonne. Elle rejoint la Communauté Saint-François-Xavier, où elle enseigne à Paris, puis à Abidjan, où elle fonde et dirige le collège-lycée Sainte-Marie de 1959 à 1988. Ce projet éducatif, ambitieux pour l’époque, reflète son engagement pour la formation des jeunes générations.
Revenue en France, elle se consacre à une mission qui lui tient à cœur : partager son expérience de résistante dans les écoles. Armée d’une éloquence simple mais percutante, elle raconte ses années de lutte, son amour pour la patrie, et son rejet de l’injustice. Pour elle, transmettre, c’est prolonger la Résistance sous une autre forme.
« J’ai été passeur dans les réseaux et je continue à être passeur. »
Odile de Vasselot, 2023
Une Figure Décorée et Respectée
Odile de Vasselot a été honorée de nombreuses distinctions : grand officier de l’Ordre national du Mérite, commandeur de la Légion d’honneur, et médaillée de la Résistance française. Ces reconnaissances saluent non seulement son courage pendant la guerre, mais aussi son engagement constant pour les valeurs de liberté et de justice.
Son parcours illustre une vérité universelle : les héros ne sont pas toujours ceux que l’on voit sur les champs de bataille. Parfois, ce sont des femmes comme Odile, discrètes mais déterminées, qui changent le cours de l’Histoire.
Pourquoi Son Héritage Compte
Dans un monde où les conflits et les injustices persistent, l’histoire d’Odile de Vasselot résonne comme un appel à l’action. Elle nous rappelle que la résistance n’est pas seulement un acte de guerre, mais une posture face à l’intolérable. Son engagement dans les écoles, en particulier, montre l’importance de transmettre la mémoire pour bâtir un avenir plus juste.
Valeurs d’Odile | Impact |
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Courage | A défié l’occupant au péril de sa vie. |
Transmission | A éduqué des générations sur l’Histoire. |
Empathie | A promu le respect des cultures. |
Un Message pour Aujourd’hui
Odile de Vasselot n’était pas seulement une résistante. Elle était une femme de foi, une éducatrice, une passeuse de mémoire. Son histoire nous invite à réfléchir : comment, à notre échelle, pouvons-nous résister aux injustices ? Comment transmettre les valeurs qui nous tiennent à cœur ?
Son décès, à 103 ans, marque la fin d’une époque, mais son héritage perdure. Dans chaque école où elle a parlé, dans chaque esprit qu’elle a touché, Odile continue d’être une passeuse. À nous, maintenant, de reprendre le flambeau.
Et vous, comment honorerez-vous la mémoire des résistants ?