Le dossier épineux du programme nucléaire iranien revient sur le devant de la scène internationale. Des négociations de dernière minute se tiennent ce lundi en Suisse entre des représentants de Téhéran et des diplomates européens de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni. L’objectif? Tenter de trouver un terrain d’entente sur ce sujet ultra-sensible avant le retour aux affaires de Donald Trump, prévu le 20 janvier prochain.
L’Iran au cœur des inquiétudes occidentales
Depuis plusieurs mois, les avancées du programme nucléaire iranien suscitent une vive préoccupation au sein des chancelleries occidentales. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran aurait commencé début décembre à alimenter de nouvelles centrifugeuses sur le site stratégique de Fordo, avec pour effet « d’accroître significativement le taux de fabrication d’uranium enrichi jusqu’à 60% », un seuil proche des 90% nécessaires à la confection d’une arme atomique.
Face à cette « escalade nucléaire », Paris, Berlin et Londres ont exprimé leur inquiétude dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU, brandissant la menace d’un possible rétablissement des sanctions contre Téhéran. Une option lourde de conséquences alors que l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien apparaît de plus en plus fragilisé.
Des pourparlers pour restaurer la confiance
C’est dans ce contexte de fortes tensions que s’ouvrent ce lundi des « consultations » entre l’Iran et les pays européens, d’après les termes employés par les différentes parties. Le but? Renouer le dialogue et tenter de créer « davantage de confiance quant au caractère pacifique » du programme nucléaire iranien, comme l’a récemment suggéré le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, en échange d’une levée des sanctions internationales.
Mais la tâche s’annonce ardue tant la défiance est grande entre Téhéran et les Occidentaux. Ces derniers doutent fortement des intentions réellement pacifiques de l’Iran, unique État non doté de l’arme atomique à enrichir de l’uranium à un tel niveau selon l’AIEA. Un scepticisme renforcé par l’affaiblissement des alliés régionaux de l’Iran après des mois d’affrontements avec Israël.
Le retour de Trump, l’épée de Damoclès
Au-delà des tensions actuelles, c’est bien le retour de Donald Trump à la Maison Blanche qui focalisent toutes les attentions. Durant son premier mandat, l’ex-président américain avait adopté une ligne particulièrement dure envers l’Iran, en retirant unilatéralement les États-Unis de l’accord de 2015 et en rétablissant de lourdes sanctions économiques contre Téhéran.
Une politique de « pression maximale » qui avait contribué à une escalade des tensions, poussant l’Iran à s’affranchir progressivement des restrictions à son programme nucléaire. Malgré l’élection d’un nouveau président réformiste en Iran et la volonté affichée de relancer des pourparlers, les tentatives pour ressusciter l’accord sont restées vaines ces dernières années.
La course contre la montre est lancée
Dès lors, les discussions qui s’ouvrent en Suisse apparaissent comme l’ultime fenêtre de tir pour tenter de sauver ce qui peut l’être avant que Donald Trump ne reprenne les rênes du pouvoir et n’impose à nouveau sa stratégie va-t-en-guerre. Les diplomates européens espèrent profiter de ce court répit pour arracher des gages de Téhéran et préserver un canal de discussion.
Mais rien ne garantit que l’Iran, échaudé par les précédentes sanctions américaines et conforté par ses avancées sur le plan nucléaire, accepte de lâcher du lest. Le compte à rebours est enclenché et chaque camp fourbît ses armes dans ce qui ressemble à un bras de fer aux airs de dernière chance. L’avenir du délicat équilibre stratégique de la région pourrait se jouer dans les prochains jours.
