Alors que le nouveau président américain est sur le point de prendre ses fonctions, les questions liées au nucléaire iranien refont surface. Lors d’une récente déclaration à l’AFP, le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a sonné l’alarme, estimant que “les marges de manœuvre commencent à rétrécir” pour la République islamique.
Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA, se rendra demain à Téhéran pour une visite qualifiée d'”importante”. L’enjeu est de taille : obtenir davantage de transparence de la part de l’Iran sur l’étendue de son programme nucléaire. Car si l’Agence mène bien des inspections sur place, elle juge insuffisante la visibilité qui lui est accordée.
Il faut qu’on puisse voir plus. Vu l’ampleur, la profondeur, l’ambition du programme iranien, c’est nécessaire de trouver des manières de donner à l’agence plus de visibilité.
Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA
Un timing sous haute tension
Cette nouvelle pression mise par l’AIEA sur l’Iran intervient à un moment charnière. Il y a tout juste une semaine, le candidat républicain Donald Trump remportait l’élection présidentielle américaine. Un tournant majeur quand on connaît les positions de l’ex-président sur le dossier du nucléaire iranien.
En 2018, durant son premier mandat, les États-Unis avaient en effet claqué la porte de l’accord international de 2015 qui encadrait les activités atomiques iraniennes. Un texte signé par Téhéran et les grandes puissances, mais que Donald Trump jugeait insuffisant.
Depuis ce retrait unilatéral américain, le programme nucléaire iranien est reparti de plus belle, au grand dam de la communauté internationale. Selon l’AIEA, l’Iran a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies à 60%, un niveau préoccupant car proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme atomique.
Des négociations au point mort
Face à cette escalade, toutes les tentatives de raviver l’accord de 2015 ont échoué ces dernières années. Rafael Grossi reconnaît lui-même que le texte est devenu “une coquille vide”. Pourtant, depuis l’arrivée au pouvoir en août du président réformiste Massoud Pezeshkian, Téhéran multiplie les signaux d’ouverture.
La République islamique dit vouloir relancer les négociations, mais exige en échange un allégement des lourdes sanctions imposées par Washington. Un bras de fer diplomatique qui s’annonce compliqué, alors que l’administration Trump s’apprête à reprendre les rênes.
L’administration iranienne doit comprendre que la situation internationale devient de plus en plus tendue et que les marges de manœuvre commencent à rétrécir.
Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA
La balle dans le camp de Téhéran
Pour l’heure, le patron de l’AIEA se veut pragmatique. Lui qui avait déjà travaillé avec la première administration Trump assure que “on travaillait bien” à l’époque. Mais il met surtout la pression sur l’Iran, l’appelant à prendre “des mesures concrètes” pour renforcer la coopération.
Lors de sa dernière visite en mai, Rafael Grossi s’était rendu à l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz. Il avait alors plaidé pour davantage de transparence, sans grand succès jusqu’à présent. Cette fois-ci, ses appels seront-ils entendus par Téhéran ?
La balle est plus que jamais dans le camp iranien. Coincé entre la pression internationale et sa volonté de faire avancer son programme nucléaire, le régime des Mollahs joue une partie serrée. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour désamorcer cette bombe à retardement géopolitique.