Le conflit israélo-libanais connaît une nouvelle escalade de violence alors que l’armée israélienne a mené jeudi de nouvelles frappes aériennes sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah. Ce dernier a répliqué en annonçant avoir tiré pour la première fois des missiles sur la ville d’Ashdod dans le sud d’Israël, située à plus de 150 km de la frontière. Cette guerre ouverte entre les deux ennemis entre dans son troisième mois avec un bilan humain très lourd.
Beyrouth sous les bombes, le Hezbollah riposte
D’après des sources locales, l’aviation israélienne a mené plusieurs séries de raids jeudi sur la banlieue sud de la capitale libanaise, fief du mouvement chiite Hezbollah. Une frappe “très violente” a visé le quartier de Haret Hreik, détruisant un immeuble. Des images montrent d’épais panaches de fumée s’élevant des zones touchées. L’armée israélienne affirme cibler des “centres de commandement et des infrastructures” de la milice pro-iranienne.
En réponse, le Hezbollah a revendiqué le tir de missiles ayant atteint une base aérienne près de la ville d’Ashdod, à 150 km au sud de la frontière israélo-libanaise. C’est la première fois que le groupe dit viser une cible aussi éloignée depuis le début des hostilités il y a presque deux mois. D’autres tirs ont aussi touché le nord d’Israël, tuant un civil selon les secours.
Difficiles négociations de cessez-le-feu
Cette nouvelle flambée de violences survient alors que l’émissaire américain Amos Hochstein multiplie les navettes entre Beyrouth et Jérusalem pour tenter d’arracher un accord de cessez-le-feu. Après s’être entretenu avec des responsables libanais, il doit rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ce jeudi.
Mais les chances d’une trêve rapide semblent minces. Selon des analystes, Israël veut infliger un maximum de dégâts au Hezbollah avant d’envisager tout arrêt des combats. De son côté, le mouvement chiite, soutenu par l’Iran, entend montrer qu’il reste capable de frapper le territoire israélien malgré les lourdes pertes subies.
Un lourd bilan humain
Les affrontements déclenchés début octobre 2023 par le Hezbollah en marge de la guerre dans la bande de Gaza ont déjà fait plus de 3 558 morts côté libanais, principalement des civils. Un bilan qui s’est considérablement alourdi depuis le lancement par Tsahal fin septembre d’une vaste campagne de bombardements visant les bastions du Hezbollah, suivie d’une offensive terrestre dans le sud.
Côté israélien, on déplore la mort de dizaines de civils sous les tirs de roquettes du Hezbollah ainsi que des pertes militaires dont le nombre n’a pas été communiqué. Des centaines de milliers d’Israéliens vivant dans le nord du pays ont fui ou passent leurs nuits dans des abris.
Une économie libanaise exsangue
Au-delà du bilan humain, ce nouveau conflit aggrave la crise économique historique que traverse le Liban. Beyrouth et sa banlieue concentrent une grande partie de l’activité du pays. Les destructions d’infrastructures et l’exode de la population assombrissent encore les perspectives de redressement.
L’aéroport de Beyrouth, proche de la banlieue sud, a dû suspendre son activité à plusieurs reprises en raison des raids. Le blocage des ports libanais par Israël paralyse les échanges. Et la livre libanaise poursuit sa dégringolade, ayant déjà perdu 90% de sa valeur depuis 2019.
La crainte d’un embrasement régional
Au-delà des conséquences pour le Liban et Israël, ce conflit fait peser le risque d’une vaste déflagration régionale. Le Hezbollah bénéficie du soutien de l’Iran qui l’a aidé à développer un important arsenal de missiles. Téhéran voit dans la milice chiite un moyen de faire pression sur son ennemi israélien.
Certains redoutent que le mouvement ne serve de relais à l’Iran si ce dernier décidait de s’impliquer plus directement dans une confrontation avec l’État hébreu. Les États-Unis, alliés d’Israël, suivent aussi de très près l’évolution de ces combats, n’excluant aucune option pour défendre leur partenaire.
Malgré les efforts diplomatiques, la spirale de la violence entre Israël et le Hezbollah semble donc partie pour durer. Avec à la clé un risque d’escalade qu’aucun des deux camps ne semble prêt à écarter. La population civile des deux côtés de la frontière en paie le prix fort.