Le drame qui a endeuillé la Serbie le 1er novembre dernier continue de secouer les sphères politiques du pays. Mercredi, un second ministre a présenté sa démission suite à l’effondrement meurtrier d’un auvent en béton à la gare de Novi Sad, qui a coûté la vie à 15 personnes et en a blessé plusieurs autres.
Tomislav Momirovic, actuel ministre du Commerce mais qui occupait le portefeuille de la Construction au moment du lancement des travaux de rénovation de la gare, a annoncé son départ du gouvernement. Il emboîte ainsi le pas à son successeur Goran Vesic, qui avait démissionné dès le 4 novembre.
Pourtant, l’enquête sur cet accident tragique semble au point mort. Si plus de 70 personnes ont été entendues par les enquêteurs, aucune arrestation ni mise en examen n’a été prononcée à ce jour, suscitant l’ire d’une partie de la population.
Une colère qui gronde dans les rues et au parlement
Depuis le drame, des manifestations sont régulièrement organisées pour réclamer la transparence sur les contrats signés avec les entreprises ayant mené les travaux, et des sanctions contre les responsables. Plusieurs protestataires ont d’ailleurs été interpellés lors d’un rassemblement le 5 novembre à Novi Sad.
Des arrestations qui ont jeté de l’huile sur le feu. Mercredi, des députés de l’opposition ont bloqué pour le deuxième jour d’affilée le parquet et les tribunaux de la ville, exigeant des avancées dans l’enquête.
Un consortium international pointé du doigt
La rénovation de la gare avait été confiée à un consortium mêlant deux sociétés chinoises, une française et une hongroise. Mais aucune de ces entreprises n’a souhaité s’exprimer publiquement sur l’accident pour le moment.
Face à la pression, le président Aleksandar Vucic a déclaré mardi qu’il était possible de porter “une responsabilité politique et morale même en étant totalement innocent”. Tout en prédisant de nouvelles démissions “dans le gouvernement et ailleurs”.
“Ignorance, incompétence et irresponsabilité”
Le chef de l’État a néanmoins tenu à souligner que selon lui, “personne n’a intentionnellement provoqué la tragédie”. Mais il a pointé du doigt “l’ignorance, l’incompétence et l’irresponsabilité” qui ont mené au drame.
Des mots forts, qui interviennent alors que la Serbie est en pleine phase de modernisation de ses infrastructures de transport, avec de nombreux chantiers financés par des prêts chinois. Un programme pharaonique qui soulève des interrogations sur la sécurité des ouvrages et la transparence des contrats.
Avec ces démissions en cascade et une enquête qui traîne en longueur, c’est toute la responsabilité de l’État qui est questionnée. Les familles des victimes et l’ensemble des citoyens serbes attendent désormais des réponses claires et des actes forts pour que toute la lumière soit faite sur ce drame national.