La colère gronde en Serbie après le drame de la gare de Novi Sad. Le 1er novembre dernier, l’effondrement du toit fraîchement rénové de la gare a coûté la vie à 15 personnes, dont plusieurs enfants. Une tragédie qui illustre aux yeux de la population la corruption et la négligence des autorités dans un pays en plein boom immobilier. Depuis, les manifestations anti-gouvernementales se multiplient dans tout le pays, menées en premier lieu par les étudiants.
Des centaines d’étudiants dans les rues de Belgrade
Ce mercredi, des centaines d’étudiants de l’université de Belgrade, qui bloquent les facultés depuis plus d’un mois, ont de nouveau battu le pavé dans la capitale serbe. Après avoir brièvement interrompu la circulation sur un carrefour important, ils ont manifesté bruyamment devant les bureaux du procureur général en scandant « Répondez aux demandes ».
Dans des lettres déposées à l’entrée, les contestataires pressent la justice « de répondre avec professionnalisme et responsabilité aux demandes des étudiants et de rejoindre notre combat pour une Serbie meilleure et plus digne ». Sept semaines après le drame, et malgré des concessions du pouvoir, le mouvement ne faiblit pas. Dimanche dernier, une grande manifestation a rassemblé au moins 29 000 personnes selon la police, probablement le triple selon des ONG, du jamais vu depuis des années en Serbie.
Un chantier bâclé symbole d’un système défaillant
Pour la population, l’effondrement de la gare de Novi Sad, à peine trois mois après la fin des travaux de rénovation, est le symptôme d’un mal plus profond qui gangrène le pays : la corruption et la négligence des autorités obnubilées par les grands projets et chantiers tous azimuts. Certains n’hésitent pas à établir un lien avec la politique du président nationaliste Aleksandar Vucic, accusé de clientélisme et d’affairisme au détriment de la sécurité et de l’intérêt général.
Ce drame est l’illustration parfaite de la manière dont ce pays est géré. Tout pour le profit et les apparences, rien pour la sécurité des citoyens.
Un manifestant de Belgrade
Plusieurs entreprises étrangères, dont deux chinoises et une française, faisaient partie du consortium en charge des travaux de la gare. Douze personnes, dont l’ex-ministre de la Construction, sont désormais dans le viseur de la justice qui enquête pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Mais les protestataires attendent plus que des têtes et veulent un changement de cap.
Le gouvernement lâche du lest sans convaincre
Face à cette contestation inédite, le pouvoir a tenté de calmer le jeu en limogeant deux ministres, dont celui de la Construction, et en annonçant des aides au logement pour les jeunes. Des gestes insuffisants pour des manifestants qui réclament la tête du Premier ministre et une réorientation des priorités.
Les étudiants, fer de lance de la contestation, promettent de maintenir la pression malgré les menaces de sanctions. Beaucoup y voient un combat pour l’avenir du pays, miné par l’exode des jeunes et des cerveaux. Au-delà du drame de Novi Sad, c’est tout un système qui est remis en cause par une jeunesse avide de changement.