Nouveau rebondissement au commissariat central de Nantes. Alors que l’encre de la précédente tentative d’évasion n’est pas encore sèche, un autre individu vient de fausser compagnie aux forces de l’ordre. Impliqué dans une sombre affaire de proxénétisme, le suspect a réussi l’exploit de prendre la poudre d’escampette en plein cœur de l’hôtel de police nantais. Retour sur cet incroyable fait divers qui secoue la cité des Ducs.
Une audition qui tourne court
Notre histoire commence dimanche, lorsque les policiers nantais interpellent un homme suspecté de tremper dans un réseau de prostitution local. Direction : le commissariat central de Nantes, place Waldeck Rousseau, pour une audition en bonne et due forme. Mais c’était sans compter sur la détermination du mis en cause.
Lundi, vers 17h, alors qu’il est entendu au deuxième étage, le suspect va réussir un coup de maître. Profitant d’un moment d’inattention de son escorte, l’homme, pourtant menotté, parvient à se défaire de ses entraves. Il s’engouffre alors dans un escalier de service et dévale les marches quatre à quatre. Arrivé au premier étage, une fenêtre entrouverte lui fait de l’œil. Ni une, ni deux, notre fugitif n’hésite pas une seconde et saute dans le vide, atterrissant quelques mètres plus bas sur un lampadaire providentiel. L’évasion est consommée.
Les évadés finissent toujours par être interpellés.
Thierry Auduin, secrétaire départemental pour Alternative Police CFDT
Une fuite organisée ?
Si les circonstances exactes de l’évasion restent encore à éclaircir, une chose est sûre : le suspect était déterminé à prendre la tangente. Difficile en effet d’imaginer qu’un tel scénario ait pu se produire par hasard. D’autant que l’homme avait vraisemblablement repéré les lieux et le fameux lampadaire salvateur en amont. La piste d’une fuite préparée et organisée avec des complicités extérieures n’est donc pas à exclure.
La sécurité des commissariats en question
Cet incident rocambolesque pose une nouvelle fois la question de la sécurité dans les hôtels de police. Car si les évasions de commissariats restent rarissimes, celle de lundi est la deuxième en l’espace de quelques semaines à Nantes. En avril dernier, un autre individu avait en effet tenté de filer à l’anglaise en sautant du deuxième étage. Rattrapé par la douleur de sa chute, ce dernier n’avait toutefois pas pu aller bien loin.
Alors simple concours de circonstances ou faille de sécurité plus profonde ? Pour Thierry Auduin, représentant syndical, pas de quoi fouetter un chat. « Les évasions de gardés à vue restent extrêmement rares au vu des plus de 10 000 gardes à vue gérées annuellement à l’hôtel de police de Nantes », tempère-t-il, confiant que « les évadés finissent toujours par être interpellés ». En attendant, l’homme est activement recherché par les 1000 policiers nantais. La chasse à l’homme est ouverte.
Un bâtiment vieillissant
Derrière ce fait divers se cache peut-être aussi un problème plus structurel. Inauguré en 2009, le commissariat central de Nantes n’est plus tout jeune. Ces dernières années, des filets de sécurité et des barricades avaient même dû être installés en façade. Non pas pour empêcher de potentiels évadés de fuir, mais bien pour pallier des fissures inquiétantes et des infiltrations d’eau. Autant de signes d’un bâtiment vieillissant.
Des travaux de rénovation sont-ils à prévoir ? En attendant, le suspect court toujours. Et il y a fort à parier que toutes les forces de police nantaises sont mobilisées pour le retrouver. Histoire que le commissariat central ne devienne pas le nouveau point névralgique des évasions en série.