Le Botswana entre dans une nouvelle ère politique suite à la victoire écrasante de l’opposition menée par Duma Boko aux dernières élections générales. Ce résultat inattendu met fin à près de 60 ans de règne sans partage du Parti démocratique du Botswana (BDP). Le nouveau président et son équipe vont devoir rapidement se retrousser les manches pour répondre aux fortes attentes de changement exprimées par les électeurs.
Un séisme politique inattendu
La passation de pouvoir éclair, au cours de laquelle Duma Boko a prêté serment seulement deux jours après la victoire, illustre l’ampleur du raz-de-marée électoral. Son parti de gauche, l’Umbrella for Democratic Change (UDC), a séduit les jeunes et les classes populaires avec un message porteur d’espoir. Il a décroché la majorité absolue des sièges au Parlement, reléguant le BDP, jusqu’ici indéboulonnable, à un groupe d’opposition famélique.
C’est un tremblement de terre politique imprévu.
Olopeng Rabasimane, analyste politique indépendant
Le président sortant Mokgweetsi Masisi a rapidement reconnu la cuisante défaite de son camp, déclarant : “Nous avons eu tout faux aux yeux du peuple”.
Les promesses ambitieuses de l’UDC
Durant sa campagne, l’UDC a multiplié les engagements pour transformer le Botswana :
- Créer 500 000 emplois et construire 100 000 logements en 5 ans
- Baisser de 30% les prix de l’eau et de l’électricité
- Mettre en place une assurance maladie universelle
- Instaurer un salaire minimum à 4000 pulas (environ 280€)
- Diversifier l’économie, aujourd’hui dépendante du diamant
Des promesses ambitieuses qui ont su capter les inquiétudes d’une population préoccupée par le chômage élevé (27%, et jusqu’à 38% chez les jeunes) et les fortes inégalités.
La dure réalité des finances publiques
Cependant, la nouvelle administration va rapidement être confrontée à l’état calamiteux des finances publiques, hérité des dépenses excessives des gouvernements précédents. Un contexte aggravé par la chute des revenus issus du diamant, poumon de l’économie nationale.
Ils arrivent au pouvoir à un moment où les finances publiques sont en très, très mauvais état. Il n’y a donc pas beaucoup d’argent disponible.
Keith Jefferis, économiste indépendant et ancien fonctionnaire botswanais
Pour tenir ses promesses, le gouvernement Boko devra d’abord procéder à des coupes budgétaires douloureuses. Un premier obstacle de taille sur la route du changement espéré.
La pression des attentes
Avec ce raz-de-marée électoral, les attentes sont immenses, notamment au sein de la jeunesse qui a plébiscité l’UDC. Le président Boko est prévenu : il sera jugé sur sa capacité à tenir ses engagements. Faute de quoi, il pourrait subir le même sort que son prédécesseur lors des prochaines échéances.
Pour Boko et l’UDC, le mandat est clair et net : tenez vos promesses ou vous risquez de subir le même sort que le président Masisi et le BDP.
Olopeng Rabasimane, analyste politique indépendant
En balayant le BDP, un parti qui semblait éternel, les Botswanais ont montré qu’une page se tournait dans l’histoire politique de leur pays. Le nouveau pouvoir n’aura d’autre choix que d’entendre la soif de changement exprimée dans les urnes. Les 100 premiers jours de Duma Boko à la tête de l’État donneront une première indication sur sa capacité à incarner cette nouvelle ère tant attendue.