En ce premier jour de leur mandat, les nouveaux dirigeants de l’Union européenne ont tenu à marquer les esprits en se rendant directement à Kiev. Un voyage hautement symbolique pour afficher le soutien indéfectible de l’Europe à l’Ukraine, malgré les tensions exacerbées entre la Russie et l’Occident ces derniers jours.
Tensions au plus haut entre Moscou et Occidentaux
La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas et le président du Conseil européen Antonio Costa ont foulé le sol ukrainien alors même que les relations russo-occidentales n’ont jamais été aussi tendues depuis le début de la guerre. Kiev a en effet récemment frappé le territoire russe avec des missiles américains et britanniques, provoquant l’ire de Moscou qui a répliqué en tirant un missile hypersonique expérimental et multipliant les menaces nucléaires.
Face à cette escalade et aux revers subis par l’armée ukrainienne sur le front, l’UE tient à réaffirmer avec force son appui à Kiev. D’autant que l’arrivée annoncée de Donald Trump à la Maison Blanche fait craindre un arrêt de l’aide américaine à l’Ukraine, jugée trop coûteuse par le milliardaire.
Prêts à tout pour soutenir l’Ukraine
Dès leur descente d’avion, les deux responsables européens ont clairement affiché la couleur :
« Nous sommes venus pour faire passer un message clair : nous sommes aux côtés de l’Ukraine et nous continuons à lui apporter tout notre soutien », a assuré Antonio Costa.
L’ancienne Première ministre estonienne Kaja Kallas, réputée pour sa position ferme vis-à-vis de Moscou, a renchéri en affirmant que malgré son coût élevé pour la Russie, la situation en Ukraine restait « très, très grave ». L’UE est bien décidée à aider Kiev à tenir bon.
Volodymyr Zelensky prêt à des concessions ?
D’après une source proche du pouvoir ukrainien, le président Volodymyr Zelensky pourrait vouloir assouplir sa position sur les négociations avec Vladimir Poutine. Après avoir catégoriquement refusé tout pourparler pendant plus de deux ans, il aurait récemment appelé l’Otan à protéger les régions encore contrôlées par Kiev afin de « mettre fin à la phase chaude de la guerre ».
Ce qui impliquerait de facto de renoncer pour l’instant à reprendre les territoires occupés par la Russie. Des concessions que Poutine conditionne justement à un cessez-le-feu, en plus de l’abandon par l’Ukraine de ses ambitions d’adhésion à l’Otan. Une ligne rouge pour Kiev et ses alliés occidentaux.
Convaincre Trump de poursuivre l’aide à Kiev
Le soutien sans faille des Européens à l’Ukraine est d’autant plus crucial que l’élection de Donald Trump pourrait changer la donne côté américain, les États-Unis étant de loin le plus gros contributeur en termes d’aide. Kaja Kallas compte bien utiliser « un langage transactionnel » pour persuader le futur locataire de la Maison Blanche qu’il est dans l’intérêt de Washington de continuer à épauler Kiev.
« L’aide à l’Ukraine n’est pas de la charité. Une victoire de la Russie enhardirait définitivement la Chine, l’Iran et la Corée du Nord », a-t-elle plaidé.
Reste à savoir si ces arguments suffiront à faire entendre raison à Donald Trump. En attendant, l’UE s’active pour permettre à l’Ukraine de négocier en position de force le jour venu, même si la cheffe de la diplomatie admet qu’il est « de plus en plus difficile » pour les 27 de s’accorder sur une intensification de l’aide.
L’Europe unie malgré les défis
Cette visite des dirigeants européens fraîchement nommés montre que malgré la lassitude qui commence à gagner les opinions publiques, confrontées à une guerre longue et coûteuse, l’UE n’entend pas relâcher ses efforts. L’enjeu est de taille pour la sécurité et la stabilité du continent.
Alors que les combats font rage et que les frappes russes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes se multiplient à l’approche de l’hiver, Kaja Kallas et Antonio Costa savent qu’ils jouent une partie délicate. Mais à en croire Mme Kallas, qui a fait de la fermeté vis-à-vis de Moscou sa marque de fabrique, « il n’y a pas d’autre solution » que de tenir bon, aussi ardu que cela puisse paraître.
Une détermination que les nouveaux visages de l’Europe sont bien décidés à incarner et à insuffler, à Kiev comme dans les capitales de l’UE. Le chemin risque d’être encore long et semé d’embûches, mais pour l’Ukraine meurtrie, savoir qu’elle peut compter sur des alliés européens résolus est déjà un motif d’espoir dans les ténèbres de la guerre.