Un vent de changement souffle sur la Nouvelle-Calédonie. Pour la première fois depuis 1986, un député indépendantiste kanak siègera à l’Assemblée nationale. Emmanuel Tjibaou, fils du leader assassiné Jean-Marie Tjibaou, a remporté dimanche les élections législatives dans la 2ème circonscription de l’archipel. Un résultat historique dans un contexte de fortes tensions.
La victoire symbolique d’Emmanuel Tjibaou
Avec 56% des suffrages au second tour, Emmanuel Tjibaou s’est imposé face au loyaliste Alcide Ponga. Cet homme de 48 ans, novice en politique, n’avait pas reçu l’investiture officielle du FLNKS mais bénéficiait du soutien de toutes ses composantes. Il portera donc la voix du camp indépendantiste à Paris, une première depuis près de quatre décennies.
Emmanuel Tjibaou marche dans les pas de son père, figure emblématique de la lutte kanak, assassinée en 1989. Mais aussi de son frère Joël, récemment mis en examen pour son rôle présumé dans les violentes émeutes qui secouent la Nouvelle-Calédonie depuis mi-mai. Des troubles qui n’ont pas entamé la mobilisation des électeurs, bien au contraire.
Une participation record malgré les tensions
Avec 71,3% de participation, les Calédoniens se sont massivement rendus aux urnes, faisant fi du climat délétère. Un engagement citoyen salué par les observateurs, qui craignaient une abstention massive en raison des appels au boycott et des menaces proférées à l’encontre des bureaux de vote. Preuve que le destin politique de l’île passionne toujours autant.
Ce résultat est un message fort envoyé à l’État. Les Kanak veulent se faire entendre et peser dans les discussions sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.
Analyste politique
Le dégel du corps électoral, pomme de discorde
Dans l’autre circonscription, le député loyaliste Nicolas Metzdorf l’a emporté avec 52,4% des voix. Celui qui a été le rapporteur du projet de loi controversé sur le dégel du corps électoral, à l’origine des violences, conserve donc son siège. Un dossier qui s’annonce explosif dans les prochains mois.
Emmanuel Tjibaou devra porter ce sujet sensible à l’Assemblée, où il rejoint le groupe soutenu par le Nouveau Front populaire. Sa légitimité et son expérience seront mises à l’épreuve pour apaiser les tensions et dessiner un nouveau destin commun. Un défi immense pour la Nouvelle-Calédonie et la France.