Après une brève accalmie, la Nouvelle-Calédonie est à nouveau plongée dans le chaos. Suite à l’arrestation et au transfert en métropole de plusieurs activistes indépendantistes, l’archipel a été le théâtre de violences urbaines durant ces derniers jours. Retour sur ces événements qui ravivent les tensions dans ce territoire en quête de stabilité.
Arrestations contestées et montée des violences
Dimanche, sept militants kanaks ont été mis en examen et incarcérés en France métropolitaine pour leur implication présumée dans les émeutes du 13 mai dernier. Ces interpellations ont aussitôt enflammé leurs sympathisants qui ont multiplié les actions coup de poing.
Selon les forces de l’ordre, pas moins d’une cinquantaine de tirs d’armes à feu ont visé les gendarmes pour la seule journée de dimanche. Les communes périphériques de Nouméa, la capitale, ont été les plus touchées. Scènes de pillages, attaques contre des bâtiments publics… Les assaillants ont réussi à reprendre le contrôle de certains axes malgré un important dispositif sécuritaire.
C’est un retour en arrière. On pensait avoir dépassé ce stade mais les vieux démons sont toujours là.
– Un habitant de Nouméa
La situation est particulièrement tendue dans le nord de la Grande Terre qui concentre la majorité de la population kanak. Des barrages y ont été érigés, bloquant la circulation sur les routes principales.
Appels au calme et spectre des affrontements passés
Face à cette flambée de violence, les autorités ont appelé à l’apaisement, redoutant une contagion à tout l’archipel.
Il est impératif que chacun garde son calme. La Nouvelle-Calédonie a besoin de sérénité pour avancer, pas de brutalité.
– Le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie
Le spectre des émeutes meurtrières qui ont secoué le territoire en 2018, lors du référendum sur l’indépendance, est dans tous les esprits. Liées au statut politique du territoire, les tensions ont pris un tour communautaire, opposant partisans et opposants à la lutte de libération kanak socialiste (FLNKS).
Quel avenir pour la Nouvelle-Calédonie ?
Ces troubles interviennent alors que l’île doit précisément redéfinir ses liens avec la France. Après trois référendums rejetant l’indépendance mais boycottés par les indépendantistes, un “compromis” est recherché.
- Le statut politique reste flou et source de divisions
- Le dialogue est au point mort entre loyalistes et séparatistes
- Le modèle économique, très dépendant de la France, doit être repensé
Dans ce contexte, l’arrestation des militants indépendantistes est perçue par certains comme une “provocation”. Elle souligne la fragilité du processus de décolonisation toujours en cours.
Tant que les aspirations kanakes ne seront pas entendues, la poudrière peut s’embraser à tout moment.
– Une responsable indépendantiste
La Nouvelle-Calédonie reste ainsi tiraillée entre désir d’émancipation et liens avec la métropole. Un schisme identitaire qui peine à se résoudre et qui s’exprime par ces paroxysmes de violence. L’avenir institutionnel de l’archipel reste plus que jamais à écrire pour espérer une paix durable.
