Les États-Unis sont-ils à l’aube d’une nouvelle ère de prospérité économique ? C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre Scott Bessent, le candidat du président élu Donald Trump au poste de secrétaire au Trésor, lors de son audition devant la commission des affaires financières du Sénat jeudi dernier. Celui qui est pressenti pour devenir le grand argentier du pays a promis qu’avec le programme économique de la nouvelle administration, un « nouvel âge d’or » allait s’ouvrir, créant « des emplois, de la richesse et de la prospérité pour tous les Américains ».
Un programme économique ambitieux
Au cœur de ce programme figurent notamment la pérennisation et le renforcement des baisses d’impôts votées durant le premier mandat de Donald Trump et qui arrivent à échéance en 2027. Mais le président élu compte aller plus loin, avec l’instauration de droits de douane conséquents sur l’ensemble des produits importés aux États-Unis, de 10 à 20% en général et même jusqu’à 60 à 100% pour les marchandises provenant de Chine. Le Canada et le Mexique, pourtant partenaires de l’USMCA, seraient également touchés avec des taxes de 25%.
L’autre grand axe est la réduction des dépenses fédérales, alors que le déficit public devrait dépasser les 7% du PIB cette année. Donald Trump envisage ainsi de revenir sur les aides aux énergies renouvelables et certaines dispositions de l’Inflation reduction act (IRA), le grand plan vert de Joe Biden. « Le gouvernement fédéral a un gros problème de dépense », a insisté Scott Bessent devant les sénateurs, plaidant pour une remise en ordre et une adaptation des dépenses.
Des signaux rassurants pour les marchés
La nomination de Scott Bessent à la tête du Trésor est de nature à rassurer les marchés. Ce spécialiste du marché des changes et de la dette est en effet un visage bien connu de Wall Street, où il a officié en tant que gestionnaire d’actifs via sa société d’investissements Key Square Capital Management. Les analystes estiment qu’il a les compétences pour faire face au mur de la dette auquel est confronté le gouvernement fédéral.
Ardent défenseur du libre-échange, Bessent a assuré que malgré la volonté de Trump de réintroduire des droits de douane, ce dernier en était également un partisan. Pour le futur secrétaire au Trésor, les effets inflationnistes des droits de douane pourraient être nuls si ces derniers sont progressivement mis en place.
Des promesses à l’épreuve des faits
Reste à savoir si cet ambitieux programme parviendra réellement à relancer durablement la croissance et l’emploi. Certains économistes mettent en garde contre les risques d’un protectionnisme exacerbé et d’une politique économique surtout favorable aux plus aisés. Le spectre d’une nouvelle guerre commerciale avec la Chine n’est pas non plus à exclure.
Il va falloir trouver un équilibre délicat entre stimuler l’économie et maîtriser le déficit et la dette. Si les baisses d’impôts ne sont pas compensées, on risque de creuser encore plus les comptes publics.
explique une source proche du dossier
Le plan de Donald Trump présente aussi le risque de raviver l’inflation si la demande est trop stimulée par les baisses d’impôts sans augmentation de l’offre. La politique monétaire de la Fed sera donc scrutée de près dans les prochains mois.
En attendant, c’est un véritable changement de cap économique que propose le président élu, loin du keynésianisme de Joe Biden. Sa réussite dépendra de la capacité de son administration à doser subtilement les différents outils à sa disposition. L’audition de Scott Bessent aura en tout cas permis de dessiner plus précisément les contours de cette nouvelle politique. Aux élus du Congrès désormais de se positionner.
