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Nouveaux dirigeants syriens renforcent les liens avec la Libye

Le nouveau pouvoir syrien tisse des liens étroits avec le gouvernement libyen de Tripoli. Quelles seront les implications de ce rapprochement pour l'avenir de la région ? Les détails de cette rencontre cruciale...

La Syrie écrit un nouveau chapitre de son histoire après la chute de l’ancien régime. Le nouveau dirigeant syrien Ahmad al-Chareh, issu d’une coalition menée par un groupe islamiste, multiplie les rencontres diplomatiques pour asseoir la légitimité du pouvoir de transition. Samedi, il a ainsi reçu à Damas une délégation de haut rang du gouvernement d’union nationale libyen, reconnu par l’ONU et basé à Tripoli.

Un soutien libyen appuyé dans une période charnière

Le ministre d’État libyen à la Communication Walid Ellafi a exprimé le « soutien total » de son pays aux nouvelles autorités syriennes, insistant sur l’importance d’une coopération renforcée dans de multiples domaines, allant de la sécurité à l’énergie en passant par la lutte contre l’immigration clandestine.

Cette visite intervient moins de trois semaines après l’éviction de l’ancien président Bachar al-Assad par une coalition armée. Elle témoigne de la volonté des nouvelles autorités syriennes de rapidement se faire une place sur la scène diplomatique régionale et de tisser des partenariats solides pour appuyer la phase de transition.

Des relations tumultueuses entre Damas et Tripoli

La Libye et la Syrie ont connu des trajectoires chaotiques depuis le Printemps arabe en 2011. Si la Libye a sombré dans une guerre civile après la chute de Mouammar Kadhafi, conduisant à une partition de fait entre l’est et l’ouest du pays, la Syrie a été déchirée par un conflit sanglant opposant le régime Assad aux groupes rebelles et djihadistes pendant plus d’une décennie.

Les relations diplomatiques entre Damas et Tripoli ont aussi été en dents de scie. La Libye avait fermé sa représentation à Damas en 2012 avant qu’un rapprochement ne s’opère en 2020 avec la réouverture d’une mission diplomatique par le camp du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est libyen. Mais les bouleversements en Syrie remettent en cause ce fragile équilibre.

Vers une normalisation des relations syro-libyennes ?

Le ministre libyen Walid Ellafi a plaidé pour un renforcement des liens, souhaitant même la nomination rapide d’un « ambassadeur permanent à Damas ». Une main tendue qui fait écho à la volonté du roi de Bahreïn de coopérer avec les nouvelles autorités syriennes. La Turquie, alliée à la fois du pouvoir de transition en Syrie et du gouvernement de Tripoli, pousse aussi en ce sens.

Certains analystes y voient les prémices d’un retour en grâce de la Syrie sur la scène diplomatique, après des années d’isolement sous Assad. Mais les défis restent immenses pour stabiliser le pays, en proie à une profonde crise économique et humanitaire. La priorité des nouvelles autorités sera de rassembler les soutiens internationaux pour la reconstruction, tout en restaurant la sécurité et en engageant un processus de réconciliation nationale.

Des enjeux régionaux et sécuritaires de taille

Au-delà des relations bilatérales, le rapprochement syro-libyen pourrait avoir des implications plus larges. Ces deux pays occupent une position stratégique, à la jonction entre Afrique du Nord et Moyen-Orient. Leur stabilité est cruciale pour endiguer les flux migratoires, lutter contre les groupes terroristes et sécuriser les approvisionnements énergétiques.

La Turquie, qui a le pied dans les deux pays, pourrait jouer un rôle clé pour favoriser leur intégration dans un espace régional pacifié et interconnecté. Mais ce scénario optimiste est loin d’être acquis, dans une région toujours travaillée par de profondes lignes de fracture. La normalisation des relations entre Damas et Tripoli n’est qu’un premier pas sur un chemin semé d’embûches.

Une transition syrienne sous surveillance

Le succès de la transition politique en Syrie sera déterminant. Le nouveau pouvoir dominé par les islamistes suscite des inquiétudes, notamment sur le respect des droits humains et des minorités. Sa capacité à engager un dialogue inclusif et à jeter les bases d’un État de droit sera scrutée de près.

La communauté internationale doit accompagner la Syrie sur le chemin de la paix et de la démocratie, sans répéter les erreurs du passé.

– Un diplomate occidental

Un défi colossal, d’autant que le pays est exsangue après des années de guerre et de sanctions économiques. Mais aussi une opportunité historique de tourner la page des dictatures et de bâtir un avenir meilleur pour les peuples syrien et libyen. Un pari audacieux, dont l’issue façonnera le visage de la région pour les décennies à venir.

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