Alors que les tensions restent vives dans l’est de la République Démocratique du Congo, une lueur d’espoir pointe à l’horizon. La présidence angolaise vient en effet d’annoncer la tenue d’un nouveau sommet sur le processus de paix dans cette région, le 15 décembre prochain à Luanda. Une rencontre cruciale qui réunira autour de la table les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi, sous la houlette du médiateur désigné par l’Union Africaine, le président angolais Joao Lourenço.
Un fragile cessez-le-feu dans l’est de la RDC
Cette annonce intervient dans un contexte particulièrement tendu dans l’est de la RDC. Depuis fin 2021, cette région est en proie à la résurgence du M23, la rébellion « Mouvement du 23 mars », soutenue par le Rwanda et son armée. Les rebelles ont pris le contrôle de vastes territoires, au détriment des Forces armées congolaises (FARDC) et des milices affiliées à Kinshasa. Si un cessez-le-feu avait été signé début août sous l’égide de l’Angola, stabilisant quelque peu la ligne de front, le M23 continue de lancer des offensives localisées.
Un « plan harmonisé » pour ramener la paix
Malgré ces violations, la RDC et le Rwanda maintiennent le dialogue via l’Angola. Un document clé, le « Concept d’opérations » (CONOPS), a été approuvé la semaine dernière par les ministres des Affaires étrangères des deux pays. Ce document militaire doit fixer les modalités d’un éventuel désengagement des troupes rwandaises présentes en territoire congolais. Il fait partie intégrante d’un « plan harmonisé » plus large censé ramener la paix entre les deux voisins.
Ce CONOPS guidera la mise en œuvre du plan harmonisé censé ramener la paix entre la RDC et le Rwanda
Un diplomate angolais
Le départ des soldats rwandais conditionné à la neutralisation des FDLR
Mais ce plan harmonisé fixe un préalable au retrait des soldats rwandais : la neutralisation des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Ce groupe armé, créé par d’anciens responsables hutus ayant participé au génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, est considéré par Kigali comme une menace pour sa sécurité. Problème : les FDLR combattent actuellement aux côtés des forces gouvernementales congolaises contre le M23, tout comme de nombreuses autres milices basées dans l’est de la RDC.
Un comité de suivi des violations du cessez-le-feu
Signe que le dialogue n’est pas rompu malgré les affrontements, la RDC et le Rwanda ont acté début novembre la création d’un comité de suivi des violations du cessez-le-feu. Dirigé par l’Angola, il intègre des représentants des deux pays. Son rôle sera crucial pour s’assurer du respect des engagements pris et éviter une nouvelle escalade.
Le sommet du 15 décembre, une étape décisive
Dans ce contexte, le sommet qui se tiendra le 15 décembre à Luanda apparaît comme une étape décisive. Pour la première fois, les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi se retrouveront face à face, sous la médiation de leur homologue angolais. L’enjeu est de taille : réussir à faire appliquer sur le terrain les engagements pris sur le papier ces derniers mois. Il s’agira notamment de fixer un calendrier pour le retrait des troupes rwandaises et des modalités précises pour démanteler les groupes armés, au premier rang desquels les FDLR.
Mais au-delà, ce sont les relations entre ces deux pays voisins, régulièrement ponctuées de crises et de tensions, qui sont en jeu. La RDC accuse de longue date le Rwanda de déstabiliser l’est de son territoire et de piller ses ressources naturelles. Kigali dément et pointe la menace des FDLR. Réussir à rétablir la confiance sera un défi de taille, mais une condition sine qua non pour une paix durable dans la région. La communauté internationale, qui suit de près ce dossier, espère que ce sommet permettra des avancées concrètes. Mais sur le terrain, les populations de l’est de la RDC, prises entre les feux des groupes armés, attendent surtout des actes. Après des décennies de conflits, leur lassitude et leur soif de paix n’ont jamais été aussi grandes.