New Delhi a une nouvelle fois été plongée dans un épais brouillard de pollution lundi, suite au recensement d’un nombre record de feux agricoles dans l’État voisin du Pendjab. Selon les autorités locales, 1251 foyers de brûlis agricoles ont été dénombrés dans la seule journée de lundi, soit le niveau quotidien le plus élevé depuis le début de la saison. Un triste record qui n’a fait qu’aggraver la situation déjà critique de la qualité de l’air dans la capitale indienne.
Des pratiques agricoles polluantes malgré l’interdiction
Chaque hiver, des milliers d’agriculteurs du nord de l’Inde ont recours au brûlage des pailles résiduelles de la récolte du riz pour enrichir rapidement et à moindre coût leurs sols avant les semis du blé. Une pratique pourtant interdite par les autorités en raison de son impact désastreux sur la qualité de l’air. Mais la loi reste peu appliquée, le gouvernement rechignant à s’attaquer frontalement à la puissante communauté agricole.
Depuis septembre, ce sont ainsi plus de 9600 feux agricoles qui ont été comptabilisés par satellite dans le seul État du Pendjab. Les fumées de ces brûlis se déplacent vers le sud et viennent se mêler aux émissions polluantes de New Delhi, contribuant à la formation d’un épais brouillard de particules toxiques au-dessus de la ville de plus de 20 millions d’habitants.
New Delhi, l’une des villes les plus polluées au monde
Tristement réputée comme l’une des capitales les plus polluées de la planète, New Delhi voit chaque hiver la qualité de son air se dégrader à des niveaux dangereux pour la santé. Lundi, les concentrations en particules fines PM2.5, les plus nocives car s’infiltrant directement dans le sang, ont ainsi atteint des niveaux 60 fois supérieurs aux seuils fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Mardi, les niveaux de pollution ont quelque peu baissé mais demeurent encore 20 fois plus élevés que les recommandations de l’OMS. Le ciel de New Delhi apparaissait ainsi toujours voilé d’un inquiétant smog grisâtre en ce milieu de semaine.
Écoles fermées et risques sanitaires
Face à cet épisode de pollution parmi les pires de ces dernières années, les autorités de New Delhi ont annoncé mardi la fermeture jusqu’à nouvel ordre de toutes les écoles et universités de la ville. La veille, seuls les établissements du secondaire et du supérieur avaient été priés de suspendre les cours.
Mais au-delà de ces mesures ponctuelles, c’est un véritable enjeu de santé publique auquel est confrontée la mégapole indienne. Selon des études, la pollution de l’air serait responsable chaque année à New Delhi de milliers de décès prématurés et de nombreuses maladies respiratoires et cardiaques.
L’inefficacité des mesures anti-pollution
Malgré les plans d’action et les mesures affichées par les autorités locales et nationales ces dernières années, la situation ne semble guère s’améliorer. Les initiatives telles que la restriction de la circulation alternée, les investissements dans les transports publics ou encore la fermeture temporaire des usines les plus polluantes n’ont pour l’instant eu qu’un effet limité pour endiguer le fléau.
La cheffe de l’exécutif de New Delhi a ainsi une nouvelle fois interpellé le gouvernement central lundi, accusant le Premier ministre Narendra Modi de “ne rien faire” pour empêcher les brûlis agricoles dans les États voisins. Une critique récurrente qui illustre l’impuissance des autorités à s’attaquer aux racines du problème.
Chaque hiver, New Delhi et le nord de l’Inde se transforment en véritable chambre à gaz à ciel ouvert. Prise en étau entre le smog des brûlis agricoles et celui de ses propres activités, la capitale indienne semble condamnée à suffoquer encore longtemps sous la chape de pollution. Un défi sanitaire et environnemental majeur qui appelle une prise de conscience et des actions fortes de la part des dirigeants pour espérer un jour inverser la tendance.