C’est une candidature qui passe très mal auprès des forces de l’ordre. Philippe Poutou, figure de proue du NPA connu pour ses positions anti-flics, a décidé de se présenter aux élections municipales à Trèbes, dans l’Aude. Une provocation de taille quand on sait que c’est dans cette même commune que le colonel Arnaud Beltrame a été tué en mars 2018 après s’être substitué à une otage lors d’une attaque terroriste.
Poutou, un candidat qui divise
Ancien candidat à la présidentielle, Philippe Poutou est une figure clivante de la gauche radicale. Ouvrier et syndicaliste, il s’est fait connaître par ses coups d’éclat et ses positions tranchées, n’hésitant pas à s’en prendre verbalement aux forces de l’ordre qu’il accuse régulièrement de violences et de racisme. Sa décision de se présenter à Trèbes sous la bannière du Nouveau Front Populaire apparaît donc comme une véritable provocation aux yeux de beaucoup.
Le spectre d’Arnaud Beltrame
Impossible en effet de dissocier Trèbes du souvenir d’Arnaud Beltrame, ce gendarme qui avait fait preuve d’un courage et d’un sens du devoir exceptionnels en prenant la place d’une otage lors de l’attaque d’un supermarché par un terroriste islamiste. Son sacrifice avait ému la France entière et il était devenu le symbole de l’héroïsme des forces de l’ordre. Voir un « anti-flic » notoire comme Poutou venir briguer un mandat à Trèbes a donc de quoi choquer.
“C’est une honte, un crachat au visage de tous les policiers et gendarmes de France. Poutou n’a aucun respect pour ceux qui donnent leur vie pour protéger les Français.”
Un responsable syndical policier
Une stratégie de buzz ?
Pour beaucoup, la candidature de Philippe Poutou relève avant tout de la stratégie de communication. En se présentant dans une ville à forte charge symbolique, il s’assure une couverture médiatique importante et fait parler de lui et de son parti. Une manière de faire passer ses idées et de capter l’attention en jouant la carte de la provocation, quitte à s’attirer les foudres d’une partie de l’opinion.
Mais ce calcul est loin de faire l’unanimité, y compris à gauche où certains dénoncent une forme d’instrumentalisation de la tragédie de Trèbes et de la mort d’Arnaud Beltrame. La candidature de Poutou est vue comme une ligne rouge franchie, un manque de respect envers la mémoire d’un héros et plus largement envers tous ceux qui portent l’uniforme.
Quel avenir pour cette candidature ?
Reste à savoir comment cette candidature iconoclaste sera reçue par les habitants de Trèbes. La commune de 6000 âmes, encore marquée par l’attaque de 2018, voudra-t-elle envoyer un message en élisant un “anti-flic” ou préférera-t-elle tourner la page de ce douloureux épisode ? Les prochaines semaines de campagne s’annoncent en tout cas électriques.
Une chose est sûre, Philippe Poutou a réussi son pari : faire parler de lui et imposer ses thèmes de campagne sur le devant de la scène, en bousculant au passage ce qui est perçu par d’aucuns comme une forme de bienséance politique et de respect dû aux forces de l’ordre endeuillées. Un sacré pari qui sera scruté bien au-delà des frontières de l’Aude.
