Ce dimanche matin, un nouveau drame est venu alourdir le lourd tribut payé par les migrants tentant de rallier l’Angleterre depuis les côtes françaises. D’après une source proche du dossier, un ressortissant indien d’une quarantaine d’années a perdu la vie lors d’une traversée de la Manche qui a tourné au cauchemar, portant à 56 le nombre d’exilés morts dans ces circonstances depuis le début de l’année 2024.
Vers 5h30 du matin, dans des conditions météorologiques plutôt favorables, une embarcation précaire transportant plusieurs dizaines de migrants a pris le large depuis la plage de Tardinghen, dans le Pas-de-Calais. Mais très vite, le frêle esquif s’est dégonflé, précipitant ses occupants dans une eau à 14°C. Tous n’avaient pas de gilets de sauvetage.
Malgré l’intervention rapide des secours, un homme n’a pu être ranimé. Selon les premiers éléments, il s’agirait d’un ressortissant indien quadragénaire. Les rescapés, transis et choqués, ont été pris en charge. Les autorités indiquent que plusieurs autres tentatives de départ ont pu être déjouées dans la matinée sur le littoral.
L’année la plus meurtrière depuis 2018
Ce nouveau drame humain vient confirmer la tendance observée depuis plusieurs mois : malgré le danger, les candidats à l’exil sont toujours plus nombreux à tenter la périlleuse traversée de la Manche, au péril de leur vie. Un phénomène imputable au durcissement des contrôles côté français mais aussi au business des passeurs, de plus en plus structurés.
Depuis janvier, ce sont donc au moins 56 personnes qui ont perdu la vie dans le détroit du Pas-de-Calais en essayant de gagner le Royaume-Uni par la mer, souvent à bord de bateaux pneumatiques surchargés. Des décès par noyade ou bousculade pour la plupart, faisant de 2024 l’année la plus meurtrière depuis que ce type de traversées a débuté en 2018.
Parcours d’obstacles pour les exilés
Au fil des années, les tentatives de passage se sont intensifiées. En 2023, près de 46 000 migrants ont réussi à atteindre les côtes anglaises, un record. Face à l’ampleur du phénomène, Paris et Londres ont conclu en mars un accord visant à endiguer ces flux, prévoyant notamment le financement par les Britanniques d’un centre de rétention côté français.
Mais sur le terrain, les candidats à l’exil disent fuir “l’enfer” de Calais. Contrôles renforcés, campements régulièrement évacués : pour ces hommes et ces femmes venus d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Asie, la Manche apparaît comme l’ultime obstacle d’un parcours semé d’embûches, au terme duquel se trouve l’espoir d’une vie meilleure outre-Manche.
“J’ai tout risqué pour venir ici, ce n’est pas la mer qui va m’arrêter. Je tenterai la traversée, quitte à y laisser ma vie.”
Témoignage d’un jeune Soudanais à Calais
L’urgence d’une réponse européenne concertée
Face à l’ampleur de la crise migratoire et son lot de drames humains, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une prise de conscience au niveau européen. ONG et associations appellent à la mise en place de voies d’immigration légales et sûres afin d’éviter ces tragédies à répétition.
Mais pour l’heure, entre une opinion publique de plus en plus hostile à l’accueil et des dirigeants européens prompts à se renvoyer la balle, une réponse concertée à l’échelle de l’UE semble illusoire. Et sur les côtes de la Manche, d’autres candidats à l’exil risquent de payer le prix fort de ces atermoiements, à l’image de ce migrant indien devenu le 56ème mort de l’année, un triste record appelé à être battu.