Un nouveau front s’est ouvert dans la cyberguerre mondiale qui fait rage depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Cette fois, c’est la France qui est dans le viseur d’un mystérieux groupe de hackers prorusses qui se fait appeler NoName057(16). Le 31 décembre 2024, ce collectif a revendiqué pas moins de 23 cyberattaques contre les sites web de plusieurs villes françaises comme Marseille, Nice, Tarbes, ainsi que celui de la préfecture de police. Mais qui se cache derrière ce nom énigmatique et quelles sont leurs véritables motivations ?
NoName057(16) : Une Nébuleuse Insaisissable de Hackers Prorusses
NoName057(16) est apparu dans le paysage de la cyberguerre peu après le déclenchement du conflit en Ukraine. Comme beaucoup d’autres groupes de hackers prorusses tels que Killnet ou From Russia with Love (FRWL), leur objectif affiché est de défendre les intérêts de la Russie sur la scène internationale en s’attaquant aux infrastructures numériques des pays occidentaux accusés de soutenir l’Ukraine.
Mais contrairement à d’autres collectifs plus médiatisés, NoName057(16) cultive le mystère autour de son identité et de son fonctionnement. Selon des sources proches du dossier, il s’agirait d’une nébuleuse insaisissable composée de hackers chevronnés mais aussi d’amateurs galvanisés par la propagande du Kremlin. Leur mode opératoire consisterait à coordonner des attaques par déni de service (DDoS) pour saturer les serveurs ciblés et rendre les sites web indisponibles.
Un Banc d’Essai pour de Futures Cyberattaques d’Envergure ?
Si les attaques revendiquées par NoName057(16) le 31 décembre n’ont eu qu’un impact limité, se contentant de perturber temporairement l’accès à des sites web municipaux, beaucoup d’experts s’inquiètent du fait qu’elles pourraient n’être qu’un banc d’essai en vue de futures opérations bien plus dévastatrices.
NoName057(16) est probablement en train de tester nos défenses numériques, d’identifier les failles dans les pare-feu des collectivités locales. On peut craindre qu’ils passent à la vitesse supérieure en 2025 en s’attaquant à des cibles plus stratégiques comme les réseaux électriques, les hôpitaux ou les transports.
Déclare un haut-fonctionnaire spécialisé dans la cybersécurité
Face à cette menace protéiforme, les autorités françaises ont décidé de muscler leur arsenal cyberdéfensif, notamment dans la perspective des Jeux Olympiques de Paris en 2024 qui constituent une cible de choix pour les hackers malveillants. Mais au-delà des mesures techniques, c’est aussi une bataille idéologique qu’il faut mener pour contrer la propagande numérique distillée par le Kremlin.
Un Nouveau Champ de Bataille Idéologique
Car in fine, ce qui anime des groupes comme NoName057(16), c’est la volonté d’imposer dans le cyberespace le narratif prorusse sur le conflit en Ukraine et plus largement sur la place de la Russie dans le monde. En perturbant le fonctionnement de nos sociétés numériques, ils espèrent instiller le doute et la peur dans l’opinion, tout en galvanisant le soutien de la population russe à « l’opération militaire spéciale » voulue par Poutine.
Face à cette offensive informationnelle, les démocraties occidentales doivent impérativement riposter en réaffirmant avec force leurs valeurs sur le front numérique. Cela passe par une coopération européenne renforcée en matière de cybersécurité, mais aussi par une sensibilisation accrue des citoyens et des entreprises aux risques liés à la désinformation et à la propagande par internet.
Car ne nous y trompons pas : le champ de bataille du XXIe siècle ne se limite plus aux frontières physiques mais s’étend désormais aux réseaux sociaux, aux forums, aux plateformes d’échanges. C’est là que se joue l’avenir de nos libertés et de notre modèle démocratique face aux assauts répétés d’officines numériques aux ordres de régimes autoritaires. Dans cette « guerre hybride » d’un nouveau genre, nous sommes tous en première ligne. Et le premier hack à opérer est peut-être celui de nos propres consciences.
Une Réponse Globale et Coordonnée s’Impose
Face à la multiplicité des acteurs et des modes opératoires, une réponse globale et coordonnée s’impose pour renforcer notre cybersécurité collective. Cela passe par :
- Un partage renforcé du renseignement cyber entre alliés pour mieux anticiper les menaces
- Des exercices communs de défense pour tester la résilience de nos infrastructures critiques
- Une politique plus offensive de « hack-back » pour neutraliser les serveurs des attaquants
- Des sanctions économiques ciblées contre les États complices des cyberattaques
- Une coopération public-privé renforcée associant les géants du Net à la protection du cyberespace
Mais cela implique aussi de repenser en profondeur nos politiques d’éducation et de formation aux enjeux du numérique. Car la meilleure protection contre les virus informatiques reste la vigilance et la responsabilité de chaque utilisateur. Un internaute averti en vaut deux, dit l’adage. À l’heure de la guerre de l’information mondialisée, cela n’a jamais été aussi vrai.
En attendant, les attaques de NoName057(16) à l’encontre de sites web français le 31 décembre 2024 nous rappellent que la menace cyber n’a pas de trêve des confiseurs. Les hackers prorusses sont déterminés à poursuivre leur croisade numérique, surfant sur les fractures géopolitiques et les vulnérabilités de nos systèmes. Gageons que 2025 ne sera pas avare en mauvaises surprises sur ce front. Mais c’est aussi l’occasion de démontrer notre résilience collective face à ces tentatives de déstabilisation. Car si la France est une cible, c’est parce qu’elle incarne un certain idéal démocratique qui dérange les régimes autoritaires. En cela, nous pouvons être fiers d’être dans le viseur de NoName057(16). Cela prouve que nous comptons encore dans la bataille des idées. Et ça, c’est déjà une victoire en soi.