La France est suspendue aux lèvres du président Emmanuel Macron. Ce jeudi, il doit en effet dévoiler le nom de son nouveau Premier ministre, un choix crucial pour l’avenir politique et économique du pays. Après la chute de Michel Barnier il y a une semaine suite à une motion de censure historique à l’Assemblée nationale, c’est tout un pays qui attend de connaître le visage de celui ou celle qui aura la lourde tâche de composer avec un parlement plus divisé que jamais.
Une Assemblée nationale fragmentée, un défi de taille pour le prochain locataire de Matignon
Le paysage politique français n’a jamais été aussi morcelé. Depuis les législatives anticipées de juin dernier, provoquées à la surprise générale par Emmanuel Macron après la déroute de son camp aux élections européennes, l’Assemblée nationale est éclatée en trois blocs irréconciliables : l’alliance de gauche, la droite macroniste, et l’extrême droite. Aucun ne dispose de la précieuse majorité absolue, rendant la tâche du gouvernement particulièrement ardue.
C’est dans ce contexte explosif qu’est intervenue la chute de Michel Barnier le 5 décembre dernier. L’ancien commissaire européen, Premier ministre depuis seulement trois mois, a été renversé par une motion de censure d’une ampleur inédite depuis 1962. Un séisme politique qui laisse le pays sans budget pour 2025 et plonge l’exécutif dans l’urgence.
Tractations tous azimuts à l’Élysée pour trouver le candidat idéal
Depuis mardi, Emmanuel Macron multiplie les consultations avec les dirigeants de toutes les formations politiques, de la gauche à la droite en passant par le centre, pour tenter de trouver un terrain d’entente. Seuls le Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI) sont tenus à l’écart de ces pourparlers de la dernière chance. L’objectif : dégager un «pacte de non-censure» afin de garantir un minimum de stabilité au futur gouvernement.
Mais les négociations s’avèrent particulièrement ardues. Selon une source proche de l’exécutif, «ça coince» car le chef de l’État tente d’arracher des gages au Parti socialiste et aux Verts, sans succès pour l’instant. Emmanuel Macron, pourtant réputé pour ses coups d’éclat, semble cette fois paralysé par l’enjeu. Lui qui avait promis mardi un nouveau Premier ministre «dans les 48 heures», a finalement décollé ce matin pour une visite officielle en Pologne, repoussant l’échéance. Ce n’est qu’à son retour, en fin de journée, que le nom tant attendu devrait enfin être dévoilé. Sauf nouveau retard de la part d’un président à la «nomination souvent lente et laborieuse», confie un intime.
François Bayrou, l’éternel recours ?
Parmi les noms qui circulent avec insistance, celui de François Bayrou revient avec force. Fidèle parmi les fidèles du président, le patron du MoDem attend son heure depuis des années. Et il semble aujourd’hui plus proche que jamais de décrocher le poste suprême, malgré les réticences de l’aile droite de la macronie et l’hostilité des Républicains (LR).
Plusieurs ministres en vue sont également pressentis, à l’image de Sébastien Lecornu (Armées) ou Catherine Vautrin. Mais la surprise pourrait aussi venir de la gauche : l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve est soutenu par plusieurs ténors du PS, dont François Hollande. Un choix qui serait vu comme une main tendue aux opposants de gauche.
Adopter un budget et endiguer la vague de plans sociaux, les défis du nouveau Premier ministre
Quel qu’il soit, le prochain chef du gouvernement devra se mettre au travail sans attendre. L’urgence numéro un sera de faire adopter un budget pour 2025. Un projet de loi spéciale a été présenté mercredi pour éviter la paralysie de l’État, mais il ne comprend pas les nombreuses mesures favorables aux Français et aux entreprises qui figuraient dans le texte initial.
Au-delà des enjeux budgétaires, le futur Premier ministre devra aussi affronter une situation sociale particulièrement tendue. Partout en France, les plans sociaux se multiplient, de la métallurgie à la chimie en passant par le commerce et les services. Près de 120 manifestations sont prévues ce jeudi dans tout le pays à l’appel des syndicats pour défendre l’emploi et l’industrie. Un baptême du feu qui s’annonce d’ores et déjà brûlant pour le nouveau locataire de Matignon.
