Le président élu américain Donald Trump vient de jeter un pavé dans la mare avec sa décision de nommer Mike Huckabee, ancien gouverneur de l’Arkansas et fervent partisan de la colonisation, au poste d’ambassadeur des États-Unis en Israël. Cette nomination, qui requiert encore la confirmation du Sénat à majorité républicaine, suscite des réactions contrastées de part et d’autre, ravivant les tensions autour de la question épineuse des colonies israéliennes en Territoire palestinien occupé.
Un ambassadeur au profil controversé
Le choix de Mike Huckabee est loin d’être anodin. Pasteur baptiste et figure de la droite chrétienne conservatrice, cet opposant notoire aux droits LGBT+ s’est fait connaître pour ses positions ouvertement favorables à la colonisation israélienne. Dès 2015, il affirmait ne pas considérer la Cisjordanie comme un “territoire occupé”. Deux ans plus tard, lors d’une visite dans la colonie de Maale Adumim, il déclarait à CNN :
La Cisjordanie occupée, ça n’existe pas. Il y a la Judée et la Samarie. Une colonie, ça n’existe pas. Il y a des communautés, des quartiers, des villes. L’occupation, ça n’existe pas.
Des propos sans équivoque qui font écho à la rhétorique du gouvernement israélien actuel, mais qui vont à l’encontre du consensus international et du droit qui considèrent les colonies comme illégales.
Satisfecit des pro-colons israéliens
Sans surprise, la nomination de ce “vieil ami des colonies” est saluée par les partisans de la colonisation côté israélien. D’après une source proche du dossier, le ministre d’extrême droite Bezalel Smotrich s’est félicité de l’arrivée d’un “partisan du processus de colonisation”, y voyant un moyen de renforcer le contrôle d’Israël sur “tous ses espaces”. Le Conseil de Yesha, principale organisation de colons, a remercié Trump pour son “bon choix”.
Inquiétudes palestiniennes et internationales
Côté palestinien en revanche, c’est la consternation. Cette nomination est perçue comme un signal politique fort en faveur de l’annexion rampante des colonies, contraire aux engagements passés des États-Unis. Elle intervient qui plus est au lendemain des déclarations fracassantes de Bezalel Smotrich promettant l’annexion pure et simple des colonies d’ici 2025, seule façon selon lui d’éliminer la “menace” d’un État palestinien.
Au-delà, de nombreux observateurs internationaux s’alarment d’un choix qui risque d’exacerber les tensions déjà vives et d’hypothéquer un peu plus les chances d’une solution à deux États. Par ce geste hautement symbolique, l’administration Trump semble enterrer définitivement la traditionnelle position d’«honest broker» (arbitre neutre) de Washington, pourtant essentielle dans ce conflit.
Quel impact sur le processus de paix ?
Dans ce contexte, la marge de manœuvre de la diplomatie américaine apparaît singulièrement réduite. Alors que la colonisation n’a cessé de s’accélérer sur le terrain ces dernières années, la nomination d’un ambassadeur aussi partial semble sonner le glas des timides tentatives de relancer le dialogue. Loin d’apaiser la situation, elle risque au contraire de décrédibiliser un peu plus le rôle des États-Unis, déjà fortement contesté depuis le transfert unilatéral de leur ambassade à Jérusalem en 2018.
Reste à savoir si Mike Huckabee mettra en pratique son soutien inconditionnel aux colonies une fois en poste et comment réagiront les différents acteurs sur le terrain. Une chose est sûre : en nommant ce partisan de la ligne dure, Trump envoie un message sans ambiguïté quant à son alignement pro-israélien et son peu d’intérêt pour une solution négociée. De quoi inquiéter tous ceux qui espèrent encore un avenir pacifique pour la région.