En cette veille de Noël à Bethléem, berceau de la chrétienté, l’ambiance est loin des fastes habituels. Pas de sapin majestueux ni d’ornements chatoyants sur la place de la Mangeoire cette année. La municipalité a choisi la sobriété, par respect pour les souffrances endurées dans la bande de Gaza voisine, théâtre d’un conflit meurtrier depuis plus d’un an. Mais malgré l’ombre de la guerre, les chrétiens de Terre Sainte sont venus chercher ici un havre de paix, un « échappatoire » le temps des célébrations.
La Foi, Refuge Face à La Guerre
Dans les ruelles de la vieille ville, parmi les étals de nougat et les échoppes de shawarmas, résonnent les chants de Noël entonnés par la troupe de scouts Terra Sancta, l’une des plus anciennes de la région. Mais derrière la douceur des mélodies en arabe, les banderoles brandies par les enfants rappellent la dure réalité du conflit :
« Nous voulons la vie, pas la mort », « Arrêtez le génocide à Gaza maintenant! »
Pour Hisham Makhoul et sa compagne, couple d’Arabes israéliens, être présents à Bethléem en cette période revêt une signification toute particulière. Malgré le contexte difficile, voir les enfants sourire et les familles chrétiennes célébrer ensemble représente beaucoup. Un échappatoire, une parenthèse de quelques jours loin des tourments.
Face à l’adversité, les quelque 185 000 chrétiens d’Israël et 47 000 des territoires palestiniens se réfugient dans la prière. Le maire de Bethléem, Anton Salman, souligne :
« Nous allons prier et demander à Dieu de mettre fin à nos souffrances, d’apporter à cette région du monde la paix qu’elle attend, la paix que Jésus a apportée au monde. »
De Gaza à Bethléem, Le Patriarche Prêche l’Espoir
Tout juste rentré de Gaza où il a donné une messe dimanche, avant de présider celle de minuit à Bethléem, le patriarche latin de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa livre un message porteur d’espoir. Témoin direct des destructions et du désastre à Gaza, il a aussi vu la vie qui perdure envers et contre tout :
« J’ai vu à Gaza tout ce qui a été détruit, la pauvreté, le désastre. Mais j’ai aussi vu de la vie, ils n’abandonnent pas. Vous ne devez donc pas abandonner non plus. Jamais. »
Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem
Alors qu’un espoir de cessez-le-feu à Gaza grandit depuis quelques jours, les habitants de Bethléem rêvent déjà d’un retour des touristes en 2025. Le patriarche lance un appel vibrant devant le Bethlehem Peace Center :
« Nous appartenons à la lumière, pas aux ténèbres. L’année prochaine, nous voulons voir le plus grand arbre de Noël jamais réalisé. »
Une Noël Sous Les Tirs de Roquettes
Christiana von der Tann, touriste allemande venue de Francfort pour passer les fêtes avec sa fille correspondante de presse, n’a pu échapper complètement aux réalités du conflit. La nuit précédente, une attaque de roquettes sur Tel-Aviv les a forcées à se mettre à l’abri.
« C’est une expérience particulière. Vous ne pouvez pas oublier que vous êtes dans un pays en guerre. »
Christiana von der Tann, touriste allemande
En cette nuit de Noël si particulière à Bethléem, la foi semble transcender les conflits qui déchirent la Terre Sainte. Dans la ville où est né le message de paix universel, chrétiens de toutes origines se rassemblent pour prier et espérer des jours meilleurs. Un fragile refuge spirituel, loin du fracas des armes, le temps d’une trêve des cœurs.