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Nobel de la Paix : María Corina Machado Va-t-elle Défier Caracas ?

María Corina Machado, prix Nobel de la Paix 2025, doit recevoir sa médaille à Oslo mercredi. Elle vit cachée au Venezuela et Caracas jure tout ignorer de son départ… Arrivera-t-elle vraiment ? Le suspense est à son comble avant le 10 décembre.

Imaginez : vous venez de recevoir le prix Nobel de la Paix et, pour toucher votre médaille, vous devez sortir de la clandestinité, traverser les frontières d’un pays qui vous considère comme une ennemie publique et atterrir dans la capitale norvégienne sous les yeux du monde entier. C’est exactement la situation dans laquelle se trouve María Corina Machado en ce début décembre 2025.

Un Nobel qui dérange déjà Caracas

L’Institut Nobel a officiellement confirmé la présence de la grande opposante vénézuélienne à la cérémonie prévue mercredi 10 décembre à Oslo. Pourtant, depuis plusieurs mois, María Corina Machado, 58 ans, vit cachée quelque part sur le territoire vénézuélien. Elle a disparu des radars publics après avoir dénoncé massivement la fraude électorale qui, selon elle et une large partie de l’opposition, a permis à Nicolás Maduro de se maintenir au pouvoir.

Ce prix Nobel de la Paix, attribué le 10 octobre dernier pour « ses efforts en faveur d’une transition démocratique pacifique », tombe comme un coup de tonnerre dans un pays déjà profondément fracturé.

« Nous n’en savons rien » : la réponse ironique du pouvoir

Lundi, le tout-puissant ministre de l’Intérieur, Diosdado Cabello, a été interrogé sur ce voyage annoncé. Sa réponse, prononcée avec un sourire en coin, en dit long sur le climat politique actuel.

« Concernant Oslo, je ne sais pas, nous n’en savons rien, nous ne participons pas à cette enchère. C’est une enchère, que le meilleur enchérisseur l’emporte. »

Diosdado Cabello, ministre de l’Intérieur

Le ton est moqueur, presque provocateur. Le numéro deux du régime chaviste refuse clairement de reconnaître la légitimité de cette distinction internationale et préfère détourner l’attention vers la grande marche prévue le même jour, le 10 décembre, pour commémorer Simón Bolívar.

Pour le pouvoir, le « vrai prix », c’est la prétendue tranquillité dans laquelle vivrait le peuple vénézuélien et la capacité du pays à tracer son destin « à la force de ses bras ». Un discours qui contraste violemment avec la réalité quotidienne faite d’hyperinflation, de pénuries et de répression.

Un départ possible… ou un piège ?

Le plus grand mystère reste logistique et sécuritaire. Comment une femme recherchée par le régime, qualifiée de « fugitive » par le procureur général si elle quittait le territoire, peut-elle prendre un avion commercial ou même un vol privé sans être immédiatement interceptée ?

Ses proches gardent un silence total sur son lieu exact de résidence et sur le trajet envisagé. L’équipe de María Corina Machado a seulement confirmé qu’elle serait bien présente à Oslo, sans donner plus de détails. Cette opacité est devenue une marque de fabrique depuis août 2024.

Des rumeurs parlent d’un départ discret par la frontière colombienne, d’autres évoquent l’aide discrète de certains pays voisins ou même d’un avion affrété par une organisation internationale. Rien n’est confirmé, tout est possible.

Un contexte régional sous haute tension

Ce Nobel intervient dans un moment particulièrement tendu dans la région caraïbe. Washington a déployé d’importants moyens militaires et multiplie les opérations contre le narcotrafic, officiellement. Des bateaux ont été détruits et des pertes humaines ont été déplorées.

Le président américain Donald Trump, de retour au pouvoir, alterne déclarations conciliantes et menaces à peine voilées contre Caracas. Certains observateurs craignent que la tentative de sortie de María Corina Machado ne serve de prétexte à une escalade.

Dans ce jeu d’échecs géopolitique, le prix Nobel devient bien plus qu’une distinction : il est un symbole de résistance et, pour le régime, une provocation directe.

Que se passera-t-il le 10 décembre ?

Deux événements majeurs auront lieu le même jour.

  • À Oslo : la remise solennelle du prix Nobel de la Paix à María Corina Machado (si elle arrive).
  • À Caracas : une immense manifestation chaviste pour célébrer Bolívar et, surtout, montrer que le pouvoir reste maître du terrain.

Le contraste sera saisissant : d’un côté la froide lumière nordique et les discours sur la démocratie, de l’autre les rues brûlantes de Caracas et les slogans révolutionnaires.

Si María Corina Machado parvient à fouler le sol norvégien, ce sera une victoire symbolique immense pour l’opposition. Si elle n’y arrive pas, le régime aura marqué un point décisif en démontrant qu’il contrôle encore totalement le territoire.

Dans les deux cas, le 10 décembre 2025 restera gravé comme une journée historique pour le Venezuela.

Une femme qui incarne l’espoir d’un peuple

Derrière le suspense logistique, il y a surtout une femme qui, depuis des années, refuse de plier face à l’intimidation, aux interdictions de candidature et aux menaces permanentes. Son prix Nobel récompense une constance rare dans la défense des valeurs démocratiques.

Elle répète inlassablement que le changement au Venezuela doit être pacifique mais déterminé. Et c’est précisément cette ligne qui lui a valu cette distinction mondiale.

Peu importe l’issue de cette semaine, son nom est désormais inscrit aux côtés de ceux qui ont marqué l’histoire récente de la lutte pour la liberté.

Mercredi, le monde entier aura les yeux rivés sur Oslo… et sur une chaise qui pourrait rester vide ou accueillir l’une des figures les plus courageuses de ce début de siècle en Amérique latine.

À suivre dans les prochaines heures : toute information confirmée sur le voyage de María Corina Machado sera mise à jour en temps réel. Le compte à rebours est lancé.

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