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Nobel de la Paix : Maria Corina Machado Attendue à Oslo sous Haute Tension

Maria Corina Machado va-t-elle fouler le sol norvégien pour recevoir son Nobel de la paix ? Sa mère prie chaque jour pour la voir à Oslo… mais Caracas la déclare déjà fugitive. Suspense total avant la grande cérémonie.

Imaginez une femme traquée dans son propre pays, obligée de vivre cachée depuis plus d’un an. Pourtant, dans quelques heures, elle pourrait fouler le sol d’Oslo pour recevoir le prix Nobel de la paix, sous les yeux du monde entier. Maria Corina Machado incarne aujourd’hui ce paradoxe : une héroïne célébrée à l’international et déclarée fugitive par son propre gouvernement.

Oslo sous haute tension avant la cérémonie du Nobel

Lundi matin, l’aéroport d’Oslo ressemblait à une scène de film d’espionnage. Des familles entières, des journalistes du monde entier et des dispositifs de sécurité impressionnants. Tout le monde attendait un signe, une confirmation, une silhouette. Mais rien. Maria Corina Machado, la lauréate du prix Nobel de la paix 2025, reste invisible. Et c’est précisément ce mystère qui rend l’événement si captivant.

Sa mère, Corina Parisca de Machado, octogénaire élégante et visiblement émue, a été interceptée à sa descente d’avion. Les yeux brillants, elle a confié qu’elle n’avait pas vu sa fille depuis un an. « Tous les jours, je prie le rosaire », a-t-elle murmuré, la voix tremblante. « Je demande à Dieu et à la Vierge qu’on puisse avoir Maria Corina demain. Et si ce n’est pas le cas… c’est que telle est la volonté divine. »

« Caramba ! Quel jour merveilleux ce serait… mais c’est tellement difficile »

Corina Parisca de Machado, mère de la lauréate

Une famille réunie dans l’incertitude

Outre la mère, d’autres proches ont fait le déplacement. Sa sœur, sa fille, plusieurs neveux et nièces. Tous logent au légendaire Grand Hotel, cet établissement où descendent traditionnellement les lauréats Nobel. Mais cette année, l’hôtel est entouré d’un cordon policier inhabituellement dense. Les forces norvégiennes ne prennent aucun risque.

Le directeur de l’Institut Nobel, Kristian Berg Harpviken, a pourtant été formel : Maria Corina Machado a confirmé sa venue en personne. Elle doit recevoir sa médaille mercredi dans la grande salle de l’Hôtel de Ville d’Oslo et donner une conférence de presse la veille à 13 heures. Mais jusqu’à la dernière minute, rien n’est certain.

Car au Venezuela, le régime de Nicolás Maduro ne lâche pas l’affaire. Le procureur général Tarek William Saab a été clair : dès qu’elle quittera le territoire vénézuélien, Maria Corina Machado sera officiellement considérée comme fugitive. Les chefs d’accusation sont lourds : conspiration, incitation à la haine, terrorisme. Des termes qui, dans le contexte vénézuélien actuel, peuvent valoir des décennies de prison.

Pourquoi ce Nobel est historique

Le 10 octobre dernier, l’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Le comité Nobel norvégien attribuait le prix de la paix à Maria Corina Machado pour « ses efforts inlassables en faveur d’une transition démocratique pacifique au Venezuela ».

À 58 ans, cette ingénieure industrielle devenue figure de proue de l’opposition cumule les exploits et les sacrifices. Charismatique, directe, elle a réussi à fédérer des millions de Vénézuéliens autour d’un message simple : le retour de la démocratie. Lors des primaires de l’opposition en 2023, elle avait écrasé la concurrence avec plus de 90 % des voix.

Mais le régime l’a interdite de candidature pour la présidentielle de juillet 2024. Nicolás Maduro, au pouvoir depuis 2013, a été proclamé vainqueur dans des conditions dénoncées comme frauduleuses par l’opposition, les États-Unis et une large partie de la communauté internationale.

Chronologie express d’une persécution politique

  • Août 2024 : Maria Corina Machado passe dans la clandestinité après la répression post-électorale
  • 10 octobre 2025 : Attribution du prix Nobel de la paix
  • Novembre 2025 : Le procureur général menace de la déclarer fugitive si elle quitte le pays
  • Décembre 2025 : Cérémonie Nobel à Oslo – venue incertaine

Des chefs d’État solidaires à Oslo

La cérémonie de mercredi s’annonce comme un sommet informel de soutien à l’opposition vénézuélienne. Plusieurs présidents latino-américains ont confirmé leur présence.

Javier Milei, le président argentin connu pour ses positions radicales et son admiration pour Donald Trump, sera dans la salle. José Raúl Mulino, président du Panama, a déjà atterri à Oslo. Interrogé à sa descente d’avion, il a déclaré venir « adresser de chaleureuses félicitations à cette héroïne de la démocratie » et soutenir « le peuple vénézuélien combatif ».

Ces présences ne sont pas anodines. Elles marquent un front commun de plusieurs gouvernements contre le régime de Caracas. Et elles envoient un message clair : la communauté internationale ne reconnaît pas la légitimité de Nicolás Maduro après l’élection contestée de juillet 2024.

Une mère qui n’aurait jamais imaginé ce destin

Revenons à Corina Parisca de Machado. Cette grand-mère de 80 ans passés raconte avec émotion le jour où elle a appris la nouvelle du Nobel. « J’avais entendu dire qu’on l’avait proposée », confie-t-elle. « Je m’étais dit : Caramba ! Ce serait merveilleux… mais tellement difficile à imaginer. »

Puis un matin d’octobre, l’une de ses filles est entrée dans sa chambre à 7 heures – chose rarissime – pour lui annoncer la nouvelle. « C’est la seule fois de ma vie où on m’a réveillée aussi tôt sans que je me fâche », sourit-elle. L’émotion est palpable. Pour cette famille, le Nobel représente à la fois une immense fierté et une douleur : celle de ne pas pouvoir célébrer librement avec Maria Corina au Venezuela.

Un contexte géopolitique explosif

Ce Nobel intervient dans un moment particulièrement tendu dans les Caraïbes. Les États-Unis ont déployé d’importants moyens militaires dans la région et mené des frappes sur des embarcations soupçonnées de trafic de drogue. Donald Trump, récemment réélu, souffle le chaud et le froid sur une possible intervention plus directe contre le Venezuela.

Dans ce contexte, la présence – ou l’absence – de Maria Corina Machado à Oslo prend une dimension supplémentaire. Si elle arrive, ce sera un camouflet retentissant pour Nicolás Maduro. Si elle n’arrive pas, le monde entier comprendra l’ampleur de la répression qui sévit à Caracas.

Chaque heure qui passe accentue le suspense. Les journalistes campent devant le Grand Hotel. Les services de sécurité norvégiens restent muets. Et quelque part, peut-être déjà en route vers la Norvège, ou toujours cachée au Venezuela, Maria Corina Machado joue sa liberté sur un coup de dés historique.

Mercredi, dans la grande salle illuminée de l’Hôtel de Ville d’Oslo, une chaise restera peut-être vide. Ou une femme debout, médaille au cou, deviendra le symbole vivant que même les régimes les plus répressifs ne peuvent éteindre entièrement l’espoir.

Pour l’instant, sa mère prie. Le monde retient son souffle. Et Oslo, ville de paix, vibre d’une tension rarement vue lors d’une cérémonie Nobel.

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