Dans la nuit du 20 au 21 août, les habitants du quartier Pissevin à Nîmes ont été réveillés par l’épaisse fumée d’un incendie qui s’est déclaré dans une boucherie, juste à côté du poste de police flambant neuf qui venait d’ouvrir ses portes la veille. Un timing troublant qui intrigue les enquêteurs.
Un feu d’origine suspecte
Selon les premiers éléments de l’enquête, l’incendie serait d’origine criminelle. D’après une source proche du dossier, le feu aurait été déclenché intentionnellement via un épandage massif de carburant dans la cheminée de la boucherie, alors en travaux.
Malgré l’intervention rapide des pompiers, les flammes ont détruit le commerce. Heureusement, ils ont réussi à éviter leur propagation au poste de police mitoyen. Un mur porteur a tenu bon, préservant les locaux des forces de l’ordre.
Des suspects déjà identifiés
Les investigations ont permis d’interpeller rapidement six individus originaires de Nîmes : trois majeurs âgés de 20 à 28 ans et trois mineurs de 15, 16 et 17 ans. Leurs casiers judiciaires révèlent qu’ils sont tous connus des services pour des faits liés aux stupéfiants.
Cet incendie intervient dans un quartier gangrené par les trafics de drogue, un an jour pour jour après la mort par balle du petit Fayed, 10 ans, dans une fusillade entre dealers.
Une source policière
L’hypothèse d’un acte d’intimidation
Les circonstances et le lieu de l’incendie orientent les soupçons vers un acte malveillant visant à intimider la police, qui tente de reprendre pied dans ce territoire perdu de la République :
- Un feu qui survient le lendemain de l’ouverture du poste de police
- Dans un quartier sous l’emprise des trafiquants
- Un an après la mort tragique d’un enfant pris entre deux feux
Pour l’adjoint à la sécurité de Nîmes, Richard Schieven, la coïncidence est troublante :
On se pose des questions quant à la concordance entre cet incendie et l’ouverture hier de ce poste commun. C’est bizarre, un feu qui démarre d’une boucherie inoccupée collée au commissariat.
Richard Schieven, adjoint à la sécurité de Nîmes
Le poste de police pourra-t-il ouvrir ?
Si le feu est maîtrisé, les dégâts et les suies pourraient compromettre la mise en service du poste. Son inauguration officielle prévue lundi 26 août est susceptible d’être reportée, le temps d’écarter tout risque lié aux fumées et de sécuriser les installations.
Le quartier Pissevin, une poudrière
Classé quartier prioritaire, Pissevin cumule les difficultés. Pauvreté, chômage, échec scolaire, mais surtout emprise des réseaux de drogue, qui imposent leur loi et leur violence au mépris des habitants :
- Des points de deal prospères et visibles
- Des affrontements réguliers entre bandes rivales
- Des jets de projectiles sur les forces de l’ordre
- Un sentiment d’abandon et de résignation chez les résidents
L’incendie criminel de cette boucherie apparaît à ce stade comme un nouvel avertissement des trafiquants à la police et à l’État. Il confirme la nécessité de renforcer durablement les moyens humains et matériels pour ramener l’ordre républicain dans le quartier.
Une enquête ouverte, des questions en suspens
Une enquête est ouverte pour dégradations par moyens dangereux en flagrant délit. Elle devra déterminer le rôle exact des suspects interpellés et vérifier l’existence d’éventuels complices.
Au delà, c’est la capacité de l’État à restaurer son autorité face aux trafiquants qui est questionnée. Cet énième défi lancé aux forces de l’ordre à Pissevin montre l’ampleur de la tâche pour reconquérir ce quartier gangréné par la drogue et la violence. Une mission de longue haleine qui exigera détermination et constance.