Un nouvel épisode inquiétant vient secouer le Niger. Moussa Tchangari, figure éminente de la société civile et directeur de l’ONG Alternative Espaces Citoyens (AEC), a été arrêté mardi soir à son domicile de Niamey par des hommes armés en civil. Cette arrestation arbitraire suscite l’indignation et la consternation au sein de la population nigérienne et au-delà des frontières.
L’AEC condamne fermement l’arrestation et exige la libération immédiate de son directeur
Dès l’annonce de l’arrestation de Moussa Tchangari, l’association Alternative Espaces Citoyens a vivement réagi. Dans un communiqué publié jeudi, l’ONG « condamne avec fermeté ces actes rétrogrades d’enlèvement, de séquestration et de traitements cruels, inhumains et dégradants ». Elle « exige sans condition, la libération de son secrétaire général« , a martelé l’organisation.
D’après les informations recueillies par l’AEC, Moussa Tchangari se trouve actuellement détenu dans les locaux du Service central de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière organisée. Les accusations portées contre lui sont particulièrement graves :
- Apologie du terrorisme
- Atteinte à la sûreté de l’État
- Association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme
Lors de son interpellation, les forces de l’ordre ont également saisi le téléphone portable et l’ordinateur de Moussa Tchangari, a rapporté Kaka Touda, un membre d’Alternative Espaces Citoyens. Une confiscation qui soulève des questions sur le respect de la vie privée et des libertés individuelles.
Moussa Tchangari, une voix critique du régime militaire
L’arrestation de Moussa Tchangari n’est pas anodine. Cet acteur engagé de la société civile nigérienne est connu pour ses prises de position critiques à l’encontre du régime militaire actuellement au pouvoir, arrivé à la tête du pays suite au coup d’État du 26 juillet 2023.
Il n’a pas hésité à qualifier ce putsch de « recul » pour la démocratie nigérienne. Il a également exprimé « son soutien total » à l’ex-président Mohamed Bazoum, renversé par la junte et toujours détenu avec son épouse dans sa résidence officielle.
Un précédent inquiétant en 2015
Ce n’est malheureusement pas la première fois que Moussa Tchangari fait l’objet de poursuites en raison de ses prises de position. En mai 2015, il avait déjà été arrêté après que son association ait dénoncé la situation humanitaire alarmante dans le sud-est du Niger, théâtre d’affrontements entre l’armée et le groupe jihadiste Boko Haram.
À l’époque, il avait dans un premier temps été poursuivi pour « association de malfaiteurs en relation avec l’entreprise terroriste Boko Haram », avant que les charges ne soient requalifiées en « atteinte à la défense nationale ». Il avait finalement bénéficié d’une liberté provisoire.
Le Niger, un pays en proie à la menace jihadiste
Il est important de rappeler le contexte sécuritaire extrêmement tendu dans lequel évoluent les acteurs de la société civile nigérienne. Le pays est confronté depuis des années à la menace jihadiste, en particulier dans l’ouest et le sud-est de son territoire.
Des groupes affiliés à l’État islamique et à Al-Qaïda y multiplient les attaques sanglantes, ciblant aussi bien les forces armées que les populations civiles. Une situation qui a poussé les autorités à adopter une ligne dure, parfois au détriment des libertés fondamentales.
L’avenir de Moussa Tchangari et de la société civile en question
L’arrestation de Moussa Tchangari soulève de vives inquiétudes quant à l’avenir de la société civile et de la liberté d’expression au Niger. De nombreux observateurs y voient une tentative de museler les voix dissidentes et de restreindre l’espace démocratique.
Les prochains jours seront décisifs. La mobilisation citoyenne et la pression internationale seront essentielles pour obtenir la libération de Moussa Tchangari et garantir le respect des droits humains fondamentaux au Niger. Car au-delà du sort d’un homme, c’est l’avenir de toute une nation qui est en jeu.