Le Niger est sous le choc après l’incarcération de Moussa Tchangari, figure emblématique de la société civile et secrétaire général de l’association Alternative Espaces Citoyens (AEC). Arrêté il y a un mois à son domicile par des hommes armés, il vient d’être placé sous mandat de dépôt à la prison de Filingué, connue pour abriter des opposants aux différents régimes qui se sont succédé dans le pays.
Les raisons de son incarcération
Moussa Tchangari est connu pour ses prises de position critiques envers le régime militaire actuellement au pouvoir, arrivé suite au coup d’État du 26 juillet 2023. Il n’a pas hésité à qualifier ce putsch de « recul de la démocratie » et a exprimé publiquement son soutien à l’ex-président Mohamed Bazoum, toujours détenu dans sa résidence officielle avec son épouse.
D’après les informations communiquées par l’AEC, les charges retenues contre lui sont « apologie du terrorisme, atteinte à la sûreté de l’État et association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme ». Son téléphone portable et son ordinateur ont été saisis lors de son interpellation.
Une répression généralisée dénoncée
Cette arrestation a suscité de vives réactions au sein de la communauté internationale. Amnesty International, Human Rights Watch (HRW) et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ont appelé à sa libération immédiate, dénonçant une « répression généralisée » du régime militaire contre l’opposition politique.
La société civile est un pilier essentiel de toute démocratie. Son musellement est un signal alarmant qui ne doit pas être ignoré.
Un défenseur des droits humains
Un militant de longue date
Ce n’est malheureusement pas la première fois que Moussa Tchangari fait l’objet de poursuites en raison de son engagement. En mai 2015, il avait déjà été arrêté puis placé en liberté provisoire suite à des propos critiques de son organisation sur la situation humanitaire dans le sud-est du Niger, où l’armée combat le groupe jihadiste Boko Haram.
Son incarcération actuelle fait craindre une escalade dans la restriction des libertés fondamentales et de l’espace démocratique au Niger. De nombreux observateurs s’inquiètent d’un durcissement du régime qui cherche à faire taire toute voix dissidente.
Un avenir incertain pour la société civile nigérienne
L’emprisonnement de cette figure respectée jette une ombre sur l’avenir de la société civile au Niger. Beaucoup redoutent un effet dissuasif qui pousserait d’autres militants à rentrer dans le rang par peur des représailles.
« Si même les personnalités les plus en vue ne sont pas à l’abri, comment le citoyen lambda peut-il oser élever la voix ? » s’interroge avec amertume un membre d’une ONG locale qui a requis l’anonymat.
La communauté internationale et les défenseurs des droits humains suivent de près l’évolution de la situation, appelant le régime militaire nigérien à respecter les libertés fondamentales et à libérer Moussa Tchangari dans les plus brefs délais. L’enjeu est de taille : préserver les acquis démocratiques si durement arrachés et s’assurer que le Niger ne sombre pas dans une spirale répressive dont il serait difficile de sortir. L’avenir du pays et de sa société civile est en jeu.