Le cinéma français est en deuil. Niels Arestrup, figure incontournable du 7e art hexagonal, nous a quittés à l’âge de 75 ans. Acteur caméléon à la présence magnétique, il a marqué de son empreinte indélébile des dizaines de films, passant avec une aisance déconcertante des rôles de composition aux personnages plus lisses. Retour sur la carrière prolifique de ce monstre sacré à travers 5 longs-métrages emblématiques.
De battre mon cœur s’est arrêté (2005) : La consécration
Après une pause de trois ans, Niels Arestrup revient en force dans ce drame poignant de Jacques Audiard. Son interprétation d’un père toxique et manipulateur lui vaut le César du meilleur acteur dans un second rôle. Une composition glaçante qui révèle toute l’étendue de son talent.
Le Candidat (2007) : Arestrup passe derrière la caméra
Pour son unique réalisation, l’acteur choisit de décortiquer les arcanes du pouvoir avec un thriller politique haletant. Il y campe un conseiller retors, véritable maître de l’ombre. Une plongée au cœur des dérives de la Ve République.
Un Prophète (2009) : Le triomphe
Sous la direction d’Audiard, Niels Arestrup livre une prestation d’anthologie en parrain de la mafia corse régnant sur sa prison. Face au débutant Tahar Rahim, il impose sa force tranquille, tel un fauve aux aguets. Un second César amplement mérité.
Quand Jacques m’a proposé le rôle, j’ai sauté de joie. Je savais que ce film allait marquer les esprits.
Niels Arestrup à propos d’Un Prophète
Quai d’Orsay (2013) : Un registre plus léger
Chez Bertrand Tavernier, Arestrup révèle son potentiel comique en incarnant un directeur de cabinet flegmatique face à un ministre fantasque campé par Thierry Lhermitte. Un contre-emploi jouissif récompensé par un troisième César.
Diplomatie (2014) : Retour aux sources
Après avoir triomphé sur les planches dans cette confrontation historique, Niels Arestrup reprend son rôle face à André Dussollier pour l’adaptation filmée signée Volker Schlöndorff. Un duel d’acteurs au sommet pour revisiter les dernières heures de la Seconde Guerre mondiale.
Niels Arestrup laisse derrière lui un héritage considérable, marqué par une soif inextinguible pour son art. Capable de s’effacer derrière ses personnages avec une humilité rare, il a donné vie à des figures complexes et ambivalentes, refusant les rôles stéréotypés. Le cinéma français perd un interprète hors normes, un esprit libre qui aura influencé toute une génération de comédiens. Son charisme magnétique, son regard perçant et sa voix reconnaissable entre mille continueront de hanter longtemps nos salles obscures.