Nicolas Sarkozy, l’ancien président français récemment condamné pour corruption, incarne à lui seul les paradoxes de la vie politique. Adulé par une partie de la droite, détesté par d’autres, ce boulimique de la politique n’en finit pas de fasciner et de diviser, même englué dans les affaires judiciaires.
L’irrésistible ascension d’un petit Français de sang-mêlé
Fils d’un immigré hongrois et d’une mère d’origine juive grecque, Nicolas Sarkozy s’est hissé jusqu’au sommet de l’État à force d’ambition et de tempérament. Maire de Neuilly-sur-Seine à seulement 28 ans, plusieurs fois ministre, président de l’UMP, il a gravi un à un les échelons du pouvoir.
Son énergie débordante, son langage direct et sa gestuelle théâtrale lui valent une popularité inédite, couronnée par son élection à l’Élysée en 2007. Mais son quinquennat hyperactif, marqué par la crise financière de 2008 et un style parfois bling-bling, divise profondément les Français.
De la défaite de 2012 aux revers judiciaires à répétition
Battu par François Hollande en 2012, Nicolas Sarkozy jure qu’on n’entendra plus parler de lui. Promesse vite oubliée: il revient dans l’arène politique et reprend les rênes de l’UMP. Mais sa tentative de reconquête de l’Elysée en 2017 tourne court: il est écarté de la course par les militants de son propre camp.
Depuis lors, les déboires judiciaires s’accumulent. L’ancien président conteste avec véhémence un « harcèlement » et se dit victime d’un acharnement de la justice. Mais les condamnations pleuvent: corruption, trafic d’influence, financement libyen. Avec ce dernier dossier, instruit depuis une décennie, un nouveau procès se profile début 2024.
Une influence intacte à droite malgré les scandales
Pourtant, dans les meetings des Républicains, le nom de Nicolas Sarkozy déclenche toujours des tonnerres d’applaudissements. Ses livres de souvenirs restent des best-sellers. L’ancien président multiplie les rendez-vous dans ses bureaux parisiens, use de son entregent pour régler ses comptes et peser sur les décisions de son camp.
Son influence, il l’a encore prouvée récemment en torpillant, en vain, la nomination de son rival honni François Bayrou à Matignon. En parallèle, Nicolas Sarkozy cultive une entente cordiale avec Emmanuel Macron, qu’il rencontre régulièrement même s’il déplore ne pas toujours être écouté.
Quel héritage pour la droite française ?
À 70 ans, l’heure du bilan a sonné pour Nicolas Sarkozy. Son hyper-présidence aura imprimé sa marque, en imposant un nouveau style de gouvernance et en bousculant bien des tabous. Mais les affaires auront terni son image et brouillé son message politique.
Aujourd’hui, la droite peine à se remettre de l’ère Sarkozy et à trouver un nouveau souffle. Entre nostalgie du sarkozysme et volonté de tourner la page, Les Républicains semblent plus divisés que jamais. L’influence de l’ancien président, bien que contestée, reste prégnante.
Nicolas Sarkozy, c’est le retour éternel en politique. Il ne lâche jamais, se relève après chaque coup dur. Même affaibli, il reste incontournable à droite.
– Un proche de l’ancien président
Au final, Nicolas Sarkozy laisse l’image contrastée d’un animal politique hors norme, tour à tour adulé et controversé. Un président hyper-actif qui aura marqué son époque, pour le meilleur et pour le pire. Malgré la spirale des affaires, son aura ne semble pas près de s’éteindre. Après tout, Sarkozy l’a souvent répété: « Un homme politique, ou il résiste, ou il se soumet ».