La France traverse une crise politique sans précédent. Deux jours après la censure historique du gouvernement Barnier, l’économiste Nicolas Baverez appelle le Président Emmanuel Macron à quitter le pouvoir. Dans une tribune au vitriol, il estime que le chef de l’État a trahi sa mission de garant de l’intérêt national et plaide pour un renouvellement en profondeur de la classe dirigeante.
Une censure historique qui sonne le glas d’une époque
Le 4 décembre restera dans les annales. Par 331 voix sur 577, l’Assemblée nationale a adopté une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier, le contraignant à la démission. Du jamais vu sous la Ve République, à l’exception notable de la censure du gouvernement Pompidou en 1962 sur fond de réforme constitutionnelle. Mais à l’époque, le Général de Gaulle avait dissous l’Assemblée dans la foulée avant d’être conforté dans les urnes.
Pour Nicolas Baverez, cette séquence marque surtout la fin d’une classe dirigeante à bout de souffle. Celle des technocrates, symbolisés par Emmanuel Macron et Michel Barnier, comme l’étaient les notables de la IIIe République en leur temps. « Deux événements qui ont pour seul point commun le crépuscule d’une caste au pouvoir », tranche-t-il.
Macron, ou la trahison de l’intérêt national
Mais c’est bien Emmanuel Macron qui cristallise les critiques les plus acerbes sous la plume de l’économiste. À ses yeux, le Président a failli à son rôle de garant de l’intérêt national en menant une politique dispendieuse et en fracturant le pays comme jamais :
Emmanuel Macron devra partir car il a trahi sa mission. Par ses dépenses inconsidérées, son incapacité à réformer et son mépris des corps intermédiaires, il a montré qu’il n’était plus à même de représenter l’intérêt général et d’incarner l’unité nationale.
Nicolas Baverez
Un réquisitoire implacable qui sonne comme un appel à tourner la page du quinquennat. D’autant que selon une source proche de l’Élysée, Emmanuel Macron envisagerait de nommer un Premier ministre intérimaire avant de se résoudre à la dissolution.
Reconstruire une légitimité sur de nouvelles bases
Pour l’heure, Nicolas Baverez appelle surtout la classe politique à se ressaisir pour éviter le spectre d’une crise de régime. Il en va selon lui de la pérennité de nos institutions et du bon fonctionnement de notre démocratie :
Il est vital que nos élites se renouvellent en profondeur et reconstruisent leur légitimité sur des bases saines. C’est à ce prix que nous pourrons retrouver la stabilité dont le pays a tant besoin et redonner du sens à l’action publique.
Nicolas Baverez
Un véritable électrochoc qui en appelle à la responsabilité de chacun. Reste à savoir si cet appel sera entendu, alors que les fractures n’ont jamais semblé aussi béantes et les tentations populistes aussi fortes. Les prochaines semaines s’annoncent en tout cas décisives pour l’avenir de notre République.
