C’est une nouvelle qui ne surprend guère dans les couloirs de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ngozi Okonjo-Iweala, l’actuelle directrice générale dont le mandat s’achève le 31 août 2025, est la seule candidate déclarée pour sa propre succession, a annoncé l’organisation ce samedi. À 70 ans, cette Nigériane au parcours impressionnant est bien partie pour rempiler pour un second mandat à la tête de l’institution basée à Genève.
Une pionnière à la tête du commerce mondial
Lorsqu’elle avait été désignée en mars 2021, Ngozi Okonjo-Iweala était devenue la première femme et la première Africaine à diriger l’OMC en ses 26 ans d’existence. Un symbole fort pour cette économiste chevronnée, deux fois ministre des Finances et ministre des Affaires étrangères du Nigeria, qui a aussi occupé des postes clés à la Banque mondiale.
Mais son arrivée à la tête de l’OMC n’avait pas été un long fleuve tranquille. Bien qu’ayant reçu le soutien de la plupart des 164 pays membres, sa nomination avait été bloquée pendant plusieurs mois par l’administration de Donald Trump, qui lui préférait la candidate sud-coréenne Yoo Myung-hee. Il aura fallu l’élection de Joe Biden à la Maison Blanche, qui a rapidement apporté son soutien à la candidature de Ngozi Okonjo-Iweala, pour débloquer la situation.
Un processus de désignation avancé
Alors que son premier mandat court jusqu’à fin août 2025, Ngozi Okonjo-Iweala a annoncé dès le 16 septembre dernier qu’elle se représentait pour un second mandat. Le processus de désignation a été avancé de deux mois par rapport au calendrier initialement prévu. Les pays membres avaient ensuite jusqu’au 8 novembre pour proposer d’éventuels candidats alternatifs.
L’ambassadeur norvégien Petter Olberg, président du Conseil général de l’OMC, a informé les membres qu’aucune autre candidature n’avait été reçue avant la date limite et que Ngozi Okonjo-Iweala était donc la seule candidate.
La procédure habituelle prévoit maintenant une période de trois mois pendant laquelle la candidate va dialoguer avec les pays membres, suivie de deux mois de consultations. Au final, le choix du directeur général doit se faire par consensus de l’ensemble des membres de l’OMC. Un exercice dans lequel excelle Ngozi Okonjo-Iweala, réputée pour ses talents de négociatrice.
Les défis d’un second mandat
Si sa réélection semble acquise en l’absence d’opposition déclarée, Ngozi Okonjo-Iweala aura fort à faire pour son second mandat à la tête d’une OMC traversée de vives tensions, entre guerre commerciale sino-américaine, pandémie, et crise du multilatéralisme. Elle devra poursuivre les efforts pour moderniser l’organisation et relancer les négociations sur des sujets cruciaux comme la surpêche, le commerce électronique ou la facilitation des investissements.
L’Africaine, qui n’a jamais caché son engagement pour un commerce plus inclusif et plus vert, entend bien laisser sa marque. Lors de son premier mandat, elle a déjà réussi à faire adopter des accords importants, comme la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid. Nul doute qu’elle mettra toute son énergie et son influence pour faire avancer ses priorités et renforcer le rôle de l’OMC comme garante d’un système commercial multilatéral stable et prévisible. Un défi de taille dans un monde de plus en plus divisé et protectionniste.