En ce lendemain de Diwali, la capitale indienne se réveille plongée dans un épais brouillard de pollution. New Delhi suffoque sous un smog toxique, aggravé par les feux d’artifice tirés en masse pour célébrer cette fête hindoue majeure, et ce malgré une interdiction largement bafouée. Un nuage de particules fines enveloppe la ville, voilant ses monuments emblématiques tels que la porte de l’Inde.
Des niveaux de pollution «dangereux»
Selon les données de l’entreprise suisse IQAir, spécialisée dans la surveillance de la qualité de l’air, les concentrations de particules fines PM2.5 – des polluants cancérigènes qui pénètrent dans la circulation sanguine via les poumons – ont atteint des niveaux alarmants de 345 microgrammes par mètre cube peu avant l’aube. C’est plus de 20 fois le seuil maximal de pollution quotidienne recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Un cocktail de polluants
Ce pic de pollution n’est malheureusement pas un événement isolé pour les 30 millions d’habitants de New Delhi. Chaque hiver, la qualité de l’air se dégrade dramatiquement dans la mégapole. Outre les feux d’artifice de Diwali, ce smog toxique est alimenté par un cocktail de facteurs : le brûlage des chaumes par les agriculteurs des régions voisines, les émissions des usines et du trafic routier.
Une interdiction peu suivie d’effet
Pour tenter d’endiguer cette pollution, les autorités de New Delhi avaient ordonné mi-octobre une «interdiction totale» de la fabrication, de la vente et de l’usage des feux d’artifice, mesure courant jusqu’à fin 2022. Les forces de police ont saisi près de deux tonnes de pétards avant les festivités. Mais l’accès restait aisé depuis les États voisins.
Les feux d’artifice ont une dimension religieuse forte à Diwali, symbolisant le triomphe de la lumière sur les ténèbres. Les autorités peinent à faire appliquer l’interdiction face à cette tradition.
– Une source proche du dossier
Un enjeu de santé publique majeur
Au-delà de l’inconfort visuel et olfactif, cette pollution de l’air est un véritable fléau sanitaire. L’exposition chronique aux PM2.5 augmente les risques de :
- Maladies respiratoires (asthme, broncho-pneumopathies…)
- Maladies cardiovasculaires
- Certains cancers
- Troubles du développement chez l’enfant
Les experts estiment que la pollution atmosphérique cause plus d’un million de décès prématurés par an en Inde. Face à cet enjeu de santé publique, le gouvernement a lancé en 2019 un «programme national de l’air pur». Mais beaucoup reste à faire pour changer les comportements et réduire les émissions polluantes à la source.
En attendant, les habitants de New Delhi n’ont d’autre choix que de s’accommoder de cet air vicié. Certains s’équipent tant bien que mal de masques, d’autres s’enferment chez eux. Mais pour beaucoup, la pollution reste une fatalité avec laquelle il faut composer au quotidien. Une réalité alarmante, en totale contradiction avec l’esprit de Diwali, cette fête de la lumière qui devrait illuminer les visages et non les masquer derrière un voile de smog.