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Netanyahu : Vers Des Élections Anticipées En Israël ?

Netanyahu, fragilisé par la trêve à Gaza, se prépare pour les élections. Sa coalition vacille, mais le Likoud reste favori. Juin 2026, un scrutin décisif ?

En Israël, la scène politique est en ébullition. Benjamin Netanyahu, figure incontournable et controversée, se trouve à un tournant décisif. Après deux ans de guerre contre le Hamas et un cessez-le-feu signé sous pression internationale, sa coalition gouvernementale vacille. Pourtant, le vétéran de la politique israélienne, fort de 18 années cumulées au pouvoir, ne baisse pas les bras. Son objectif ? Les prochaines élections, qu’il compte bien remporter. Mais comment un Premier ministre affaibli, critiqué par ses alliés et sous le coup de poursuites judiciaires, peut-il espérer conserver son emprise ? Plongeons dans les méandres de cette stratégie.

Une Coalition au Bord de l’Implosion

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, considéré comme l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, traverse une crise majeure. Avec seulement 60 députés sur 120 à la Knesset, sa majorité absolue s’est évaporée. En juillet, le départ d’un parti ultra-orthodoxe, furieux de promesses non tenues sur l’exemption du service militaire, a fragilisé l’exécutif. Les vacances parlementaires ont offert un répit temporaire, mais depuis la reprise des travaux le 20 octobre, les menaces de motions de censure planent.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 10 octobre, a exacerbé les tensions. Conclu sous la pression de l’ancien président américain Donald Trump, cet accord, qui inclut un retrait progressif d’Israël de la bande de Gaza, a provoqué la colère des alliés d’extrême droite. Ces derniers, fervents défenseurs d’une ligne dure, perçoivent cette trêve comme une capitulation. Ils exigent des concessions majeures pour rester dans la coalition, mettant Netanyahu dans une position délicate.

“Pour Netanyahu, la question n’est plus tant de préserver sa coalition jusqu’au bout que de se positionner pour gagner les prochaines élections.”

Michael Horowitz, analyste politique

Un Pari sur les Élections

Face à une coalition fragilisée, Netanyahu a choisi de regarder vers l’avenir. Le 18 octobre, il a annoncé sa candidature pour un nouveau mandat, se disant confiant dans sa victoire. Malgré un mécontentement populaire grandissant, son parti, le Likoud, domine toujours les sondages. Cette résilience s’explique par la fidélité de sa base électorale et l’absence de concurrents sérieux au sein de son parti. Fin novembre, il devrait être reconduit à la tête du Likoud sans opposition.

Mais le calendrier électoral pose question. La législature actuelle doit s’achever en novembre 2026, mais des voix influentes, comme le journaliste Amit Segal, évoquent un scrutin anticipé dès juin 2026. Netanyahu pourrait lui-même provoquer ces élections ou y être contraint si un parti allié, comme celui d’Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, décidait de claquer la porte.

Les enjeux électoraux en bref :

  • Netanyahu mise sur la popularité du Likoud pour rebondir.
  • Un scrutin anticipé pourrait être déclenché dès juin 2026.
  • La coalition actuelle risque de s’effondrer sous la pression des alliés.

Les Tensions avec les Alliés d’Extrême Droite

Les partenaires d’extrême droite de Netanyahu, comme Itamar Ben Gvir, ne mâchent pas leurs mots. Ben Gvir menace de retirer son soutien si sa proposition de loi sur la peine de mort pour les terroristes n’est pas votée d’ici le 9 novembre. Ce projet, soutenu par une frange radicale, illustre les divergences au sein de la coalition. Certains alliés poussent même pour une reprise de la guerre à Gaza ou une recolonisation du territoire, une idée abandonnée par Israël en 2005.

Ces revendications mettent Netanyahu dans une position inconfortable. D’un côté, il doit apaiser ses partenaires pour maintenir sa coalition. De l’autre, il doit naviguer avec prudence face aux veto internationaux, notamment celui de Donald Trump, opposé à l’annexion partielle de la Cisjordanie réclamée par l’extrême droite.

Le Dilemme des Ultra-Orthodoxes

Un autre défi majeur concerne la conscription des juifs ultra-orthodoxes. Le parti séfarade Shass, qui dispose de 11 sièges, exige une loi garantissant l’exemption du service militaire pour les étudiants des yéshivas. En juillet, ses ministres ont quitté le gouvernement sur ce différend, sans toutefois rompre officiellement avec la coalition. Cette question divise profondément : l’extrême droite et une partie du Likoud souhaitent au contraire imposer la conscription à cette communauté.

Netanyahu se retrouve donc pris en étau. Satisfaire Shass risque d’aliéner ses autres alliés, tandis qu’ignorer leurs demandes pourrait précipiter la chute de son gouvernement. Ce dilemme illustre la complexité de sa stratégie pour conserver le pouvoir.

Parti Position Exigence principale
Shass Ultra-orthodoxe séfarade Exemption du service militaire
Sionisme religieux Extrême droite Annexion partielle de la Cisjordanie

Une Stratégie Électorale Audacieuse

Pour maximiser ses chances de victoire, Netanyahu et ses alliés envisagent des réformes électorales. Parmi les propositions, une baisse du seuil de suffrages nécessaire pour entrer à la Knesset. Cette mesure bénéficierait notamment au parti Sionisme religieux de Bezalel Smotrich, en difficulté selon les sondages. Une autre idée consisterait à abaisser l’âge électoral à 17 ans, un avantage pour les partis ultra-orthodoxes, dont l’électorat est jeune et démographiquement dynamique.

Ces manœuvres électorales, bien que controversées, témoignent de la détermination de Netanyahu à consolider son pouvoir. En parallèle, il doit gérer les attentes contradictoires de ses partenaires tout en maintenant une image de leader fort face à l’opinion publique.

L’Après-Gaza : Un Défi de Taille

Si le cessez-le-feu à Gaza tient, Netanyahu devra proposer une vision pour l’avenir du territoire. Ses alliés d’extrême droite exigent des garanties, comme une influence accrue d’Israël sur Gaza ou des mesures sécuritaires renforcées. Ces demandes s’opposent aux pressions internationales pour une solution pacifique, rendant la tâche du Premier ministre particulièrement ardue.

La question de Gaza, combinée aux tensions sur la conscription et les réformes électorales, place Netanyahu dans une position où chaque décision peut avoir des conséquences majeures. Sa capacité à naviguer entre ces écueils déterminera non seulement la survie de son gouvernement, mais aussi ses chances de succès électoral.

Les défis de Netanyahu en résumé :

  • Concilier les exigences de Shass et de l’extrême droite.
  • Maintenir le cessez-le-feu tout en apaisant ses alliés.
  • Préparer le terrain pour un scrutin anticipé.

Un Leader Inébranlable ?

À 76 ans, Benjamin Netanyahu reste une figure centrale de la politique israélienne. Malgré les affaires de corruption qui le poursuivent, il continue de dominer le paysage politique grâce à son charisme et à sa capacité à rebondir. Mais les défis actuels – une coalition instable, des alliés divisés et un électorat exigeant – mettent à l’épreuve son talent de stratège.

La route vers les élections, qu’elles aient lieu en 2026 ou plus tôt, s’annonce semée d’embûches. Pourtant, Netanyahu a prouvé à maintes reprises qu’il ne faut jamais le sous-estimer. Saura-t-il une fois de plus transformer les crises en opportunités ? L’avenir d’Israël, et celui de son leader historique, en dépend.

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