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Nestlé envisage l’arrêt de la production d’eau minérale Perrier

Coup dur pour Nestlé : la célèbre eau minérale Perrier risque de ne plus couler suite à un scandale sanitaire. L'ARS Occitanie tire la sonnette d'alarme et suggère un arrêt de production. Que va devenir cette marque emblématique ?

L’eau pétillante Perrier, mondialement connue, traverse une période trouble. Son producteur, Nestlé Waters, fait l’objet depuis janvier d’une sérieuse polémique concernant des pratiques interdites sur ses eaux dites « minérales ». Un rapport accablant de l’Agence Régionale de Santé (ARS) Occitanie vient de tomber, remettant en cause la pérennité de cette production emblématique. Décryptage d’un scandale qui ébranle un géant.

Perrier : une eau pas si « minérale » ?

Tout a commencé en janvier dernier, lorsque des révélations ont fait surface sur l’usage par Nestlé de traitements interdits pour les eaux minérales. Ces eaux, censées avoir une qualité naturelle permettant de s’affranchir de tels procédés, auraient en réalité subi des désinfections. Si ces traitements ne présentent pas de danger pour la santé, ils sont néanmoins proscrits pour cette catégorie de produits.

Le site de production de Perrier à Vergèze, dans le Gard, est particulièrement dans le viseur. En avril, Nestlé avait dû stopper l’exploitation d’un de ses forages suite à la découverte inquiétante de bactéries d’origine fécale. Un coup dur pour la marque et un signal alarmant quant à la qualité de ses eaux.

Un rapport de l’ARS sans appel

Mandatée sur ce dossier sensible, l’ARS Occitanie a rendu en août un rapport détaillé dont les conclusions font froid dans le dos. Selon nos informations, l’agence sanitaire juge que les contaminations bactériennes constatées, bien que ponctuelles, sont « inacceptables pour une eau minérale naturelle ». Elle pointe également un « risque virologique » lié à l’inefficacité des moyens de filtration utilisés contre les virus.

Les contaminations ponctuelles de la source utilisée pour produire le Perrier ne permettent pas une exploitation pérenne pour de l’eau minérale.

extrait du rapport de l’ARS Occitanie

Face à ce constat implacable, l’ARS va jusqu’à suggérer que Nestlé « s’interroge stratégiquement » sur la possibilité d’un autre « usage alimentaire » pour son site de Vergèze. En clair, cesser d’y produire de l’eau minérale pour potentiellement se tourner vers de l’eau de source, moins contraignante en termes sanitaires.

Quel avenir pour Perrier ?

Si elle venait à se confirmer, l’arrêt de la production d’eau minérale Perrier serait un événement majeur. Cette marque créée en 1863 est devenue emblématique dans le monde entier, symbole d’un certain art de vivre à la française. Son eau pétillante naturellement est appréciée tant pour son goût unique que pour ses supposées vertus digestives.

Nestlé, propriétaire de Perrier depuis 1992, se retrouve dos au mur. Le géant agroalimentaire a réagi par communiqué en assurant opérer « conformément au cadre fixé par les autorités » mais n’a pas souhaité commenter plus avant le rapport de l’ARS avant sa version définitive. De source proche du dossier, on indique que plusieurs options sont à l’étude, dont une éventuelle reconversion du site.

Un secteur sous haute surveillance

Au delà de Perrier, c’est toute l’industrie des eaux en bouteille qui se retrouve sous le feu des projecteurs. Les récentes polémiques ont jeté une lumière crue sur des pratiques douteuses et des contrôles parfois défaillants. Les géants du secteur sont sommés de revoir leurs process pour garantir une qualité irréprochable et une transparence totale envers les consommateurs.

Les pouvoirs publics ont durci le ton, à l’instar du récent assouplissement de la réglementation sur la microfiltration dont l’ARS conteste la légalité. Au Sénat, une commission d’enquête a été créée pour faire toute la lumière sur les pratiques des industriels de l’eau. Son rapporteur, Alexandre Ouizille, évoque un dossier « accablant » et réclame des comptes au gouvernement.

Face à la pression, les marques jouent la carte de la réassurance, à l’instar de Vittel (Nestlé) qui a lancé un vaste plan de préservation de ses sources. Mais le chemin sera long pour reconquérir une confiance sérieusement ébranlée et contrer les appels à revenir à une consommation d’eau du robinet, plus écologique et économique.

L’affaire Perrier marque-t-elle un tournant ? À l’heure où la quête de naturalité et de transparence n’a jamais été aussi forte, difficile pour ces géants de continuer comme avant. L’avenir dira si Perrier peut rebondir ou si son legendaire pétillement est en passe de s’éteindre pour de bon.

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