Imaginez une foule immense, des drapeaux qui dansent dans le vent, et des cris qui résonnent dans les rues poussiéreuses de Katmandou : « Reviens, roi, sauve-nous ! » Ce dimanche, des milliers de voix se sont élevées pour accueillir un homme de 77 ans, ancien monarque d’un pays qui a tourné la page de la royauté il y a plus de 15 ans. Dans cette république nichée au cœur de l’Himalaya, la monarchie n’est plus qu’un souvenir… ou presque. Alors, pourquoi ce retour en force dans les esprits ?
Un Roi au Cœur de la Tourmente
Il y a quelques semaines, cet ancien souverain a parcouru le pays, de Pokhara jusqu’à la capitale, salué par des foules enthousiastes. À 77 ans, il incarne pour beaucoup un espoir face à une nation en proie au chaos. Depuis l’abolition de la monarchie en 2008, le Népal, avec ses 30 millions d’habitants, lutte pour trouver un équilibre. Mais entre instabilité politique, corruption galopante et une économie qui peine à décoller, le peuple semble prêt à se tourner vers un passé qu’il croit salvateur.
Une Monarchie Effacée, Mais Pas Oubliée
Revenons en arrière. En 2008, après une guerre civile qui a coûté la vie à plus de 16 000 personnes, le Parlement a mis fin à une monarchie vieille de deux siècles et demi. Cet acte marquait la fin d’un règne hindou et l’avènement d’une république laïque. Mais aujourd’hui, ce choix est remis en question. Les Népalais, majoritairement hindous, assistent à une montée du mécontentement. Les prix grimpent, le chômage frappe, et les services essentiels comme l’éducation ou la santé restent hors de portée pour beaucoup.
« Le pays sombre dans l’instabilité. Les pauvres meurent de faim, et la loi épargne les puissants. »
– Un enseignant de 43 ans dans la foule
Ce témoignage, recueilli au cœur de la manifestation, reflète un sentiment partagé. Pour cet homme, comme pour beaucoup, le retour d’un roi pourrait rétablir l’ordre et la justice là où les politiciens ont échoué.
Les Racines d’un Soutien Grandissant
Ce regain d’intérêt pour la monarchie ne sort pas de nulle part. Ces derniers mois, les appels à restaurer un État hindou et une couronne se sont multipliés. Pourquoi maintenant ? La réponse tient en quelques mots : **désillusion collective**. Les gouvernements successifs n’ont pas tenu leurs promesses. La corruption ronge les institutions, et la croissance économique reste un mirage pour une population épuisée par les crises à répétition.
- Instabilité politique chronique depuis 2008.
- Hausse des prix qui étrangle les ménages.
- Chômage endémique touchant toutes les générations.
- Accès limité à l’éducation et aux soins de santé.
Face à ce tableau sombre, l’idée d’un retour à une figure forte, presque mythique, séduit. Mais ce rêve est-il réaliste ?
Un Ancien Roi Qui Ose Parler
Jusqu’à récemment, cet ancien monarque se tenait à l’écart des débats politiques. Discret, il évitait de commenter les affaires du pays ou de militer ouvertement pour un retour au pouvoir. Mais les temps ont changé. Lors d’un rassemblement le mois dernier, à la veille d’une journée symbolique pour la démocratie népalaise, il a brisé son silence.
« Il est temps de sauver notre nation et de préserver l’unité nationale. »
– Déclaration récente de l’ancien roi
Ce message, diffusé par une source proche de son entourage, a électrisé ses partisans. Pour eux, c’est un appel clair : le roi est prêt à reprendre les rênes, ou du moins à inspirer un mouvement. Mais que signifie vraiment cette prise de parole ?
Un Passé Tumultueux
L’histoire de cet homme est loin d’être banale. Couronné en 2001 après un drame qui a secoué le pays – le massacre de presque toute la famille royale dans des circonstances encore floues –, il a hérité d’un trône fragilisé. À l’époque, une insurrection maoïste faisait trembler les campagnes, et le Népal était déjà au bord du gouffre. En 2005, il a tenté un coup de force en suspendant la Constitution et en dissolvant le Parlement. Résultat ? Des manifestations monstres, orchestrées par une alliance entre maoïstes et partis traditionnels, ont précipité sa chute.
Ce passé soulève une question : un homme qui a déjà échoué peut-il incarner l’avenir ? Ses défenseurs y voient une expérience précieuse ; ses détracteurs, un avertissement.
Un Pays à la Croisée des Chemins
Aujourd’hui, le Népal se trouve dans une situation paradoxale. D’un côté, la république laïque, fruit d’un accord de paix historique, reste un symbole de progrès. De l’autre, les frustrations accumulées alimentent une nostalgie pour un système révolu. Mais restaurer la monarchie est-il seulement possible ? Le Parlement, qui l’a abolie, devrait faire volte-face, un scénario qui semble improbable dans le climat actuel.
| Avant 2008 | Après 2008 |
| Monarchie hindoue | République laïque |
| Stabilité relative | Instabilité politique |
| Guerre civile | Paix fragile |
Ce tableau simplifié montre l’évolution du pays. Mais derrière ces mots, il y a des vies, des espoirs, et une quête de sens dans un monde en mutation.
Et Si le Roi Revenait Vraiment ?
Imaginons un instant que ce mouvement prenne de l’ampleur. Quelles seraient les conséquences ? Pour les partisans, un retour à la monarchie ramènerait l’unité et une gouvernance forte. Ils rêvent d’un Népal prospère, où la corruption serait éradiquée et les inégalités réduites. Mais pour les opposants, ce serait un retour en arrière, une menace pour les acquis démocratiques chèrement gagnés.
Le saviez-vous ? L’abolition de la monarchie en 2008 a été votée à une écrasante majorité par le Parlement, avec 560 voix pour et seulement 4 contre.
Ce détail historique rappelle à quel point le rejet de la royauté était fort à l’époque. Alors, pourquoi ce revirement ? Peut-être parce que la mémoire est sélective, et que les crises d’aujourd’hui éclipsent les échecs d’hier.
Une Nostalgie à Double Tranchant
La nostalgie est une arme puissante. Elle peint le passé en rose, oubliant ses ombres. Oui, la monarchie offrait une certaine stabilité, mais elle n’a pas empêché la guerre civile ni les injustices. Aujourd’hui, les Népalais sont divisés : certains voient en leur ancien roi un sauveur, d’autres un fantôme d’une époque révolue. Et au milieu, une jeunesse qui n’a connu que la république se demande ce que tout cela signifie pour son avenir.
Alors, le Népal est-il prêt à rouvrir ce chapitre clos ? La réponse reste en suspens, portée par les cris d’une foule qui, pour l’instant, refuse de lâcher son rêve.
