Dans un contexte sanitaire mondial toujours fragile, les négociations sur un accord international crucial pour la prévention des futures pandémies se heurtent à de sérieux obstacles à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Malgré l’urgence soulignée par les récentes épidémies de mpox, du virus de Marburg ou encore de la grippe aviaire H5N1, les 194 pays membres ne sont pas parvenus à finaliser un texte avant la fin de l’année comme espéré initialement.
Un processus de négociation complexe et tendu
Selon Anne-Claire Amprou, co-présidente de l’organe de négociation et ambassadrice française chargée des questions de santé mondiale, il reste encore du travail malgré les progrès réalisés. Les discussions devraient donc se poursuivre jusqu’en 2025, avec l’objectif d’aboutir à un accord final d’ici l’Assemblée mondiale de la Santé de mai 2025.
Au cœur des tensions : un bras de fer opposant les pays occidentaux, où l’industrie pharmaceutique pèse lourd, aux pays en développement. Ces derniers craignent de se retrouver une nouvelle fois mis sur la touche dans l’accès aux vaccins et traitements comme lors de la pandémie de Covid-19, les nations riches s’étant arrogé la priorité.
Des points de blocage persistants sur l’accès aux contremesures médicales
Si une grande partie du projet de texte a recueilli un consensus, des différends subsistent sur des dispositions clés. Parmi les principaux points de discorde : le partage de l’accès aux agents pathogènes potentiellement pandémiques et la répartition équitable des bénéfices qui en découlent (vaccins, tests, traitements…).
Malgré une 12ème session de négociations intenses depuis le 4 novembre, les diplomates n’ont pas réussi à suffisamment rapprocher leurs positions sur les paragraphes les plus délicats. Un constat partagé par les ministres de la Santé du G20 qui ont rappelé leur soutien à un accord “ambitieux, équilibré et efficace, y compris un accès équitable aux contremesures médicales pendant les pandémies”.
L’ombre de la politique américaine plane sur les discussions
Autre inconnue susceptible de changer la donne : l’issue de la présidentielle américaine de 2024. Un retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025 pourrait rebattre les cartes, l’ex-président ayant entamé un retrait des États-Unis de l’OMS pendant son mandat avant que son successeur Joe Biden ne revienne dans le giron de l’organisation.
Les récentes épidémies rappellent l’urgence d’un accord
Face aux craintes d’une répétition du scénario catastrophe du Covid-19, la nécessité de parvenir à un accord international solide sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies s’était imposée aux pays membres de l’OMS en décembre 2021. Les derniers mois ont douloureusement rappelé l’ampleur des enjeux, avec les épidémies de mpox, du virus Marburg ou de grippe aviaire soulignant notre vulnérabilité persistante.
Malgré les obstacles, les négociateurs restent déterminés à aboutir, comme l’a souligné Precious Matsoso, co-présidente sud-africaine de l’organe intergouvernemental. Les discussions reprendront début décembre à Genève pour un nouveau cycle d’une semaine. L’enjeu : parvenir à un texte final qui permette à la communauté internationale d’affronter mieux armée et unie les pandémies à venir. Un défi sanitaire, mais aussi diplomatique et géopolitique majeur pour les années qui viennent.