Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. Du 11 au 24 novembre, cette ancienne cité pétrolière a accueilli des milliers de délégués venus du monde entier pour la grand-messe annuelle du climat, la COP29. Des négociations âpres, des tensions Nord-Sud, une organisation controversée, un accord final en demi-teinte : retour sur les coulisses d’une conférence sous haute tension.
Des négociations longues et tendues entre pays riches et en développement
Alors que le dérèglement climatique s’accélère partout dans le monde, la COP29 était attendue comme un rendez-vous crucial pour renforcer l’action. Mais les discussions ont rapidement tourné à l’affrontement entre nations développées et pays du Sud, exigeant plus de soutien financier pour faire face aux impacts. D’intenses tractations ont rythmé les deux semaines, souvent jusqu’au bout de la nuit.
Nous avons l’impression de ne pas avoir été entendus. Le monde développé fait preuve de mépris face à notre détresse.
Un négociateur africain
Selon des sources proches des discussions, des dizaines de pays en développement ont même claqué la porte de réunions, excédés par le manque d’avancées sur le dossier sensible du financement. Une posture qui a exacerbé les tensions et ralenti les progrès.
Un accord financier final qui ne satisfait personne
Alors qu’à l’ouverture les pays vulnérables réclamaient un plan d’aide d’au moins 500 milliards de dollars par an, l’accord final a énormément réduit la voilure. Il promet un soutien d’« au moins 300 milliards » pour l’adaptation et les pertes et dommages, sans garantie ferme. Une somme jugée très insuffisante par les pays du Sud.
C’est trop peu, trop tard. Les pays riches continuent de jouer la montre alors que nous sommes aux premières lignes de la crise climatique.
Un représentant des petites îles
Mais même ce montant est contesté par certains pays développés, craignant un effet d’aubaine. Le flou demeure aussi sur la répartition entre financements publics et privés. Un compromis bancal qui ne satisfait finalement aucune des parties.
Une organisation azérie décriée pour son manque de transparence
En coulisses, l’organisation de cette COP29 par l’Azerbaïdjan a aussi suscité des critiques. Plusieurs ONG ont dénoncé un processus opaque et des pressions sur les négociateurs de la part du pays hôte, peu enclin à accepter des objectifs ambitieux qui menaceraient sa rente pétro-gazière.
C’est l’une des COP les plus bizarres auxquelles j’ai participé. On sentait des tentatives de manipulation en permanence.
Une source diplomatique européenne
Le choix même de Bakou posait question. Alors que l’urgence est de sortir des énergies fossiles, confier l’organisation au champion pétrolier de la Caspienne envoyait un message ambigu. Certains y ont vu la main de la diplomatie gazière du président Aliev pour redorer l’image du pays.
Un bilan final mitigé, entre déceptions et timides avancées
Au terme de deux semaines marathon, les délégués ont fini par accoucher d’un accord a minima. Outre le volet financier jugé insuffisant, le texte réaffirme les objectifs de l’Accord de Paris, appelle à accélérer les efforts mais sans réel sursaut. Quelques timides avancées sont à noter malgré tout :
- Un programme de travail pour définir un nouvel objectif financier plus ambitieux d’ici la COP30
- L’opérationnalisation d’un nouveau fonds pour les pertes et dommages
- L’adoption de règles pour un marché carbone international permettant de compenser les émissions
Mais dans l’ensemble, cette COP29 laisse un goût amer. Celui d’une occasion manquée face à l’urgence climatique, et de discussions parasitées par les intérêts court-termistes et les postures géopolitiques. Une nouvelle démonstration de la difficulté à faire avancer une action collective ambitieuse, malgré les enjeux.
Nous devons faire plus, faire mieux et plus vite. Mais les vieux réflexes ont la vie dure. Il faudra toujours se battre.
Un négociateur européen
Rendez-vous donc l’année prochaine pour la COP30, qui devrait avoir lieu aux Emirats arabes unis. Avec l’espoir que les leçons de Bakou seront retenues, pour enfin être à la hauteur du plus grand défi de notre temps. Le compte à rebours continue de tourner.