Un nouveau drame s’est déroulé en mer Égée, témoin de la crise migratoire qui frappe l’Europe. Quatre migrants, trois hommes et une femme, ont perdu la vie mercredi dans le naufrage de leur embarcation au large de l’île grecque de Rhodes, située à proximité des côtes turques. Vingt-cinq autres personnes ont réussi à rejoindre le rivage saines et sauves, selon un communiqué des garde-côtes grecs.
Une pression migratoire croissante sur les îles grecques
Ces derniers mois, l’archipel du Dodécanèse, dont Rhodes est l’île principale, ainsi que le sud-est de la mer Égée ont connu une augmentation significative des arrivées de migrants fuyant guerres et pauvreté. Rien que pendant la dernière semaine d’octobre, plus de 700 demandeurs d’asile ont débarqué sur les côtes de Rhodes, rapporte le journal local Rodiaki.
Face à cet afflux, des centaines de migrants se sont installés devant les bureaux du commissariat de la ville de Rhodes, dans des conditions précaires, sous des tentes et des abris de fortune en carton. Une situation qui a suscité la colère des habitants et des autorités locales, dénonçant un manque de moyens pour faire face à cette crise humanitaire.
La Grèce, porte d’entrée des migrants en Europe
Selon les chiffres du ministère grec des Migrations, le pays a enregistré une hausse de 25% des arrivées de migrants en 2024 par rapport à l’année précédente. Une tendance encore plus marquée dans le Dodécanèse et le sud-est de la mer Égée, avec une augmentation de 30% des flux migratoires.
Le sud-est de la mer Egée et l’île de Rhodes connaissent actuellement une pression migratoire.
Nikos Panagiotopoulos, ministre grec des Migrations
Pour autant, le gouvernement assure que cette hausse n’est pas directement liée aux conflits qui secouent actuellement le Proche-Orient. Une affirmation nuancée par de nombreux observateurs, qui pointent l’impact de l’instabilité régionale sur les mouvements de population.
Un manque criant de moyens
Interrogé par le journal Rodiaki, le maire de Rhodes Alexandros Koliadis affirme que l’île ne rencontre pas un “problème migratoire” en soi, mais souffre d’un déficit de personnel et d’infrastructures pour accueillir les migrants dans des conditions décentes.
- Manque de garde-côtes et de policiers pour enregistrer les arrivées
- Capacités d’hébergement et de transfert vers le continent insuffisantes
- Procédures d’asile longues et complexes
Conséquence de ces lacunes : des drames à répétition en mer Égée, où les naufrages d’embarcations de fortune sont monnaie courante. Fin octobre, deux migrants avaient déjà perdu la vie près de l’île de Samos, quelques jours seulement après la disparition de quatre autres personnes, dont deux nourrissons, au large de Kos.
L’urgence d’une réponse européenne coordonnée
Face à l’ampleur de la crise migratoire, la Grèce, en première ligne, appelle régulièrement ses partenaires européens à la solidarité et au partage des responsabilités. Mais les réponses restent timides et les tensions persistent entre États membres sur la question de la répartition des demandeurs d’asile.
Pourtant, l’urgence est là. Derrière les chiffres et les débats politiques, ce sont des vies humaines qui sont en jeu. Des hommes, des femmes et des enfants prêts à tout risquer pour fuir la guerre, la misère et les persécutions. Des destins brisés sur les routes de l’exil, faute de voies d’accès légales et sûres vers l’Europe.
Il est temps pour l’UE de se doter d’une véritable politique migratoire commune, fondée sur le respect des droits humains et le principe de solidarité. Cela passe par un soutien accru aux pays en première ligne comme la Grèce, mais aussi par une réforme en profondeur du système d’asile européen, aujourd’hui à bout de souffle.
Car au-delà de la gestion de l’urgence, c’est un changement de regard sur les migrations qui s’impose. Cesser de les percevoir comme une menace, pour y voir une opportunité. Celle de construire une société plus ouverte, plus diversifiée, plus riche de ses différences. Un défi immense, mais à la hauteur des valeurs humanistes que l’Europe prétend incarner.