Imaginez un marché où les institutions financières peuvent enfin parier des centaines de milliards sur la direction du Bitcoin sans se heurter à des plafonds absurdes hérités d’une autre époque. Ce n’est plus une utopie : c’est exactement ce que Nasdaq vient de demander à la SEC.
En cette fin novembre 2025, alors que le Bitcoin flirte avec les 91 000 dollars, un mouvement discret mais colossal est en train de se produire sur les marchés réglementés américains. Et il pourrait bien changer la donne pour tous les acteurs du secteur crypto.
Nasdaq veut quadrupler la limite des options sur l’ETF Bitcoin de BlackRock
Le Nasdaq International Securities Exchange (ISE) a déposé une nouvelle demande auprès de la Securities and Exchange Commission. L’objectif ? Faire passer la limite quotidienne d’options sur l’iShares Bitcoin Trust (IBIT) de BlackRock de 250 000 à 1 000 000 de contrats. Oui, vous avez bien lu : x4 en une seule demande.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. Plus tôt dans l’année, la limite était déjà passée de 25 000 à 250 000 contrats. À l’époque, cela semblait déjà énorme. Aujourd’hui, cela ressemble à une blague face à l’appétit réel des investisseurs institutionnels.
Pourquoi une telle demande ? Parce que les volumes explosent. En octobre 2025, l’open interest sur les options IBIT a atteint un pic hallucinant de 50 milliards de dollars. Un chiffre qui place désormais ce produit réglementé au coude-à-coude avec… Deribit, le leader historique des options crypto offshore.
Deribit : le géant offshore qui tremble (ou pas)
Parlons chiffres qui donnent le vertige.
Fin 2025, Deribit affiche un open interest record de 50,27 milliards de dollars sur ses options Bitcoin, soit environ 453 820 contrats actifs. Sur l’année, son volume total a bondi de 95 % pour dépasser les 1 185 milliards de dollars, dont 743 milliards rien que sur les options.
Deribit en 2025, c’est :
- 50,27 milliards $ d’open interest BTC (record absolu)
- Près d’un doublement du volume annuel
- 743 milliards $ échangés sur les seules options
- Toujours ~50 % du marché mondial des options Bitcoin
Pourtant, malgré cette domination, quelque chose bouge. Les options sur ETF Bitcoin spot (IBIT en tête) captent désormais 98 % du volume total des options sur ETF Bitcoin aux États-Unis. Le vent tourne. Lentement, mais sûrement.
Pourquoi les institutions préfèrent soudainement les options réglementées
La réponse tient en trois lettres : KYC, comptabilité et conformité.
Un hedge fund américain, un fonds de pension ou une banque privée ne peut tout simplement pas allouer des centaines de millions sur Deribit sans déclencher toutes les alarmes de ses équipes conformité et risque. En revanche, acheter des options listées sur le Nasdaq ISE via un compte de courtage classique ? C’est parfaitement légal, auditable et même encouragé par certains régulateurs.
Ajoutez à cela la possibilité de compenser ces positions via des chambres de compensation traditionnelles (OCC), et vous obtenez un produit qui coche toutes les cases des investisseurs institutionnels.
« Les options sur ETF Bitcoin spot représentent enfin une porte d’entrée réglementée vers la volatilité du Bitcoin. C’est ce que les institutionnels attendaient depuis 2017. »
— Analyste senior chez un prime broker new-yorkais
Que se passe-t-il quand la limite de 250 000 contrats est atteinte ?
En pratique ? Le trading s’arrête. Brutalement.
Lorsque le plafond est touché, plus aucun nouvel ordre d’achat ou de vente ne peut être passé sur ces options pour le reste de la journée. Les market makers ne peuvent plus hedger correctement. Les arbitragistes sont bloqués. Et les clients institutionnels se retrouvent à regarder le marché sans pouvoir agir.
Dans un marché aussi volatile que celui du Bitcoin, atteindre la limite à midi (ou pire, à l’ouverture) équivaut à fermer la moitié des autoroutes de Wall Street en pleine heure de pointe. Inacceptable pour des acteurs qui gèrent des milliards.
Les stratégies qui explosent grâce aux options ETF
Les options sur IBIT permettent des stratégies jusqu’ici réservées aux initiés :
- Covered calls : détenir l’ETF et vendre des calls pour générer du rendement (très prisé des family offices)
- Protective puts : assurer un portefeuille Bitcoin contre les chutes brutales
- Straddles/strangles : parier sur la volatilité avant les annonces macro ou les halving
- Call spreads : limiter le risque tout en gardant une exposition haussière
Ces stratégies, autrefois cantonnées aux whales sur Deribit, sont désormais accessibles à monsieur tout-le-monde… enfin, monsieur tout-le-monde qui gère quelques centaines de millions.
Et la SEC, elle en pense quoi ?
Pour l’instant, silence radio. Mais les précédentes demandes ont toutes été approuvées. Et vu l’évolution du climat politique américain depuis 2024, il serait étonnant que la Commission bloque cette fois-ci.
D’autant que les arguments de Nasdaq sont solides : la limite actuelle empêche la formation correcte des prix, crée des distorsions de marché et freine l’adoption institutionnelle. En clair, elle va à l’encontre de la mission même de la SEC.
Ce que cela signifie pour le prix du Bitcoin
Plus d’options = plus de liquidité = plus de capitaux = moins de volatilité extrême (paradoxalement) et une découverte des prix plus efficace.
À court terme, l’approbation de cette limite à 1 million de contrats pourrait déclencher une nouvelle vague d’achats institutionnels. Les gérants qui attendaient sur la touche pour des raisons de taille de position pourraient enfin rentrer massivement.
À plus long terme ? On se dirige vers un marché des dérivés Bitcoin totalement mature, où Wall Street et la crypto ne feront plus qu’un. Où les volumes journaliers en options dépasseront ceux des actions Apple ou Tesla. Où le Bitcoin sera enfin traité comme l’actif financier qu’il mérite d’être.
Le futur des options Bitcoin, c’est maintenant.
Un million de contrats par jour sur un ETF Bitcoin spot.
50 milliards d’open interest chez Deribit.
Des institutions qui n’attendent plus que le feu vert réglementaire.
Nous ne sommes plus dans la crypto de 2017.
Nous sommes dans la finance de 2030.
Et vous, pensez-vous que la SEC va enfin lâcher la bride ? Ou va-t-elle encore jouer les trouble-fêtes ? Une chose est sûre : le train est déjà en marche. Et il ne s’arrêtera pas.
Le Bitcoin n’a pas fini de surprendre. Et cette fois, c’est Wall Street elle-même qui appuie sur l’accélérateur.









