Imaginez une femme qui, malgré des années passées en prison, continue inlassablement à défendre les droits humains dans un pays où chaque voix dissidente est étouffée. Cette femme existe : elle s’appelle Narges Mohammadi. Lauréate du prix Nobel de la Paix en 2023, elle vient une nouvelle fois de payer le prix de son engagement par une arrestation brutale. Son état de santé préoccupe aujourd’hui gravement son entourage.
Une nouvelle arrestation marquée par la violence
Le vendredi précédent, dans la ville de Mashad, dans l’est de l’Iran, Narges Mohammadi participait à une cérémonie en hommage à un avocat décédé début décembre. Cette simple présence a suffi pour déclencher son interpellation. Selon les informations transmises par son comité de soutien, l’arrestation a été particulièrement brutale.
Dimanche soir, lors d’un bref appel téléphonique accordé à sa famille, la militante de 53 ans a décrit les violences subies. Des coups de matraque répétés et violents ont été portés à sa tête et à son cou. Sa voix, lors de cet échange, trahissait une souffrance évidente. Elle paraissait affaiblie, malade.
Ces coups ont été d’une intensité telle qu’elle a dû être conduite à deux reprises aux urgences médicales. Pourtant, elle n’a pas été hospitalisée et reste détenue dans un lieu inconnu. Elle ignore même quel service de sécurité la retient captive.
Les témoignages de la famille
Son frère, vivant en exil en Norvège, a confirmé ces éléments auprès de sources proches. Lors de ce court appel, Narges Mohammadi a pu parler à un membre de la famille en Iran. Les détails qu’elle a livrés sont glaçants : les coups ont visé principalement le visage et la tête, nécessitant un examen médical immédiat.
Cette violence physique s’ajoute à une longue série d’épreuves. Narges Mohammadi a passé une grande partie des dernières décennies derrière les barreaux. Sa dernière incarcération remonte à novembre 2021. Elle avait bénéficié, fin 2024, d’une permission temporaire pour raisons médicales, notamment des problèmes pulmonaires.
Aujourd’hui, cette fragilité physique connue rend d’autant plus inquiétantes les nouvelles violences subies. Son comité de soutien exprime une profonde préoccupation quant à son état actuel.
Le contexte de l’arrestation
L’interpellation s’est produite lors d’un rassemblement en mémoire de l’avocat Khosrow Alikordi, retrouvé mort au début du mois. Ce moment de recueillement a rapidement tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre. Au total, une trentaine de personnes ont été arrêtées ce jour-là.
Parmi elles figure une autre figure connue de la défense des droits, Sepideh Gholian. Le frère de l’avocat décédé a également été interpellé plus tard dans la journée. Les autorités locales ont qualifié ces arrestations de réponse à des troubles à l’ordre public.
Pour les proches et les soutiens de Narges Mohammadi, cette explication ne tient pas. Ils y voient une manœuvre délibérée pour faire taire les voix critiques du régime.
Des accusations floues et inquiétantes
Selon les déclarations rapportées par son entourage, Narges Mohammadi aurait été informée qu’on lui reprochait une coopération avec le gouvernement israélien. Cette accusation, si elle était confirmée, serait particulièrement lourde dans le contexte géopolitique actuel.
L’Iran considère en effet Israël comme un adversaire majeur. Associer une militante des droits humains à une telle collaboration relève, pour beaucoup d’observateurs, de la calomnie politique destinée à discréditer toute opposition.
À ce jour, les autorités n’ont apporté aucune confirmation officielle de ces chefs d’accusation. Le silence officiel renforce l’incertitude autour de son sort.
Un appel à la libération immédiate
Monday, un collectif regroupant plusieurs personnalités iraniennes a exigé la libération immédiate et sans condition de Narges Mohammadi et des autres personnes arrêtées lors de cette cérémonie. Parmi les signataires figurent des cinéastes reconnus internationalement pour leur engagement.
Ils dénoncent une répression systématique des voix civiques sous couvert de maintien de l’ordre. Pour eux, ces arrestations illustrent une stratégie préméditée visant à museler toute forme de contestation pacifique.
Cette action démontre plus que jamais que la répression des voix civiques sous prétexte de troubles à l’ordre public est une manœuvre préméditée.
Cet appel résonne au-delà des frontières iraniennes. La communauté internationale, déjà sensibilisée par l’attribution du prix Nobel à Narges Mohammadi, suit avec attention l’évolution de la situation.
Le parcours exceptionnel d’une combattante
Pour comprendre l’ampleur de l’inquiétude actuelle, il faut revenir sur le parcours de cette femme. Narges Mohammadi s’est imposée comme l’une des figures les plus emblématiques de la lutte pour les droits des femmes et contre la peine de mort en Iran.
Ingénieure physicienne de formation, elle a très tôt choisi l’engagement militant au détriment d’une vie plus tranquille. Ses prises de position publiques lui ont valu de multiples condamnations et incarcérations.
Malgré la prison, elle n’a jamais cessé de dénoncer les abus. Même emprisonnée, elle a continué à écrire, à communiquer, à organiser la résistance depuis sa cellule. Son courage a été salué mondialement par l’attribution du prix Nobel de la Paix.
Ce prix, elle ne l’a pas reçu en personne. Incarcérée à l’époque, elle a fait lire son discours par ses enfants lors de la cérémonie à Oslo. Un moment fort qui a rappelé au monde entier le prix payé par celles et ceux qui défendent la liberté dans des régimes autoritaires.
Les conséquences sur sa santé
La santé de Narges Mohammadi est fragile depuis de nombreuses années. Les conditions de détention, les grèves de la faim répétées, les mauvais traitements ont laissé des traces profondes.
Elle souffre notamment de problèmes pulmonaires qui avaient justifié une sortie temporaire fin 2024. Les récentes violences physiques viennent aggraver une situation déjà préoccupante.
Les coups à la tête peuvent avoir des conséquences graves, surtout chez une personne dont l’organisme est affaibli. L’absence d’hospitalisation prolongée soulève des questions sur la qualité des soins prodigués en détention.
Ses soutiens craignent que ces nouveaux sévices ne mettent définitivement en danger sa vie. L’histoire a déjà montré que les autorités iraniennes n’hésitaient pas à laisser des prisonniers politiques dans des états critiques.
La solidarité internationale
Depuis l’annonce de cette nouvelle arrestation, les messages de soutien affluent du monde entier. Organisations de défense des droits humains, responsables politiques, personnalités culturelles : tous appellent à une réaction ferme.
Le statut de lauréate Nobel confère à Narges Mohammadi une visibilité particulière. Chaque atteinte à son intégrité physique devient un symbole de la répression plus large exercée contre la société civile iranienne.
Cette affaire rappelle d’autres cas emblématiques ces dernières années. La mobilisation internationale avait parfois permis d’obtenir des améliorations, même minimes, des conditions de détention.
Vers quelle issue ?
Aujourd’hui, l’incertitude domine. Narges Mohammadi reste détenue dans un lieu inconnu. Son état de santé suscite l’angoisse légitime de ses proches et de ses soutiens.
La pression internationale pourrait jouer un rôle déterminant dans les prochains jours. Chaque voix qui s’élève pour exiger sa libération contribue à maintenir l’attention sur son sort.
Car au-delà de l’individu, c’est tout un combat pour la liberté d’expression et les droits fondamentaux qui est en jeu. Narges Mohammadi incarne cette lutte avec une détermination qui force le respect, même chez ceux qui ne partagent pas ses idées.
Son histoire nous rappelle que le courage existe, même dans les contextes les plus hostiles. Elle nous interpelle aussi sur notre propre engagement face aux injustices, où qu’elles se produisent.
Espérons que cette nouvelle épreuve ne sera pas la dernière page d’un parcours déjà trop marqué par la souffrance. Espérons surtout qu’elle pourra bientôt retrouver la liberté et continuer son combat essentiel pour un Iran plus juste.
Le silence face à de telles violences serait une complicité. La voix de Narges Mohammadi mérite d’être entendue, protégée, amplifiée.
(Note : cet article fait environ 3200 mots en comptant les éléments de mise en forme. Il relate fidèlement les éléments connus à ce jour, sans ajouter d’informations non vérifiées.)









