À l’approche des élections en Namibie, un vent de changement souffle sur le pays. Dans les rues de Windhoek, la capitale, les citoyens expriment leurs espoirs et leurs attentes, mais aussi leurs divergences sur la manière d’améliorer la situation du pays. Un constat s’impose : la Namibie aspire à un renouveau, mais le chemin pour y parvenir reste incertain.
Une nation en quête de changement
Depuis son indépendance en 1990, la Namibie a connu des avancées notables, mais de nombreux défis persistent. Le chômage, en particulier chez les jeunes, atteint des niveaux préoccupants. Selon les derniers chiffres de 2018, avant la pandémie de Covid-19, 46% des 15-34 ans étaient sans emploi. Une situation qui pèse lourdement sur le quotidien de nombreuses familles.
On va voter pour du changement, il faut améliorer le pays et réduire la pauvreté.
Josephina Shitotoka, employée de la Société nationale des eaux
Au-delà du chômage, les inégalités sociales demeurent criantes en Namibie. Selon la Banque mondiale, le pays est le deuxième plus inégalitaire au monde, juste derrière l’Afrique du Sud. Une réalité qui se reflète jusque dans les parcs de la capitale, où se côtoient les couvertures des cadres venus pique-niquer et celles des jeunes sans-abri.
La corruption, un fléau qui mine la confiance
La corruption est un autre mal qui ronge le pays. Le scandale « Fishrot », une affaire de commissions sur des quotas de pêche impliquant d’anciens ministres, a éclaté en 2019, ébranlant la confiance des citoyens envers leurs dirigeants. Pour beaucoup, comme Mikka Joseph, responsable syndical, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase :
J’étais membre de la Swapo mais je suis parti à cause de la corruption en 2019.
Mikka Joseph, responsable d’un syndicat d’employés de sécurité
Des attentes divergentes malgré un désir commun de changement
Si le mot d’ordre est le même dans toutes les bouches, les Namibiens ne s’accordent pas tous sur la façon de redresser le pays. Certains, comme Josephina Shitotoka, restent fidèles à la Swapo, le parti au pouvoir depuis l’indépendance, et fondent leurs espoirs sur sa candidate Netumbo Nandi-Ndaitwah, qui pourrait devenir la première femme présidente du pays.
D’autres, en revanche, aspirent à un renouvellement plus profond de la classe politique. C’est le cas de Thabang Mosenedi, 19 ans, qui votera pour la première fois :
Tant qu’il y a du changement dans le pays, ça me va. Beaucoup de gens se plaignent qu’il n’y a pas d’emplois et que le gouvernement ne fait rien pour résoudre le problème.
Thabang Mosenedi, étudiante et nouvelle électrice
Des ressources mal exploitées, un potentiel gâché
Malgré ses richesses en minerais, la Namibie peine à faire profiter l’ensemble de sa population des retombées économiques. Pour Bonny Tjirongo, retraité de 61 ans, il est temps de s’interroger sur l’utilisation des ressources du pays :
Comment sont utilisées les ressources ? Elles devraient bénéficier à tous les Namibiens et permettre d’essayer d’éradiquer la pauvreté.
Bonny Tjirongo, retraité namibien
Une économie à deux vitesses s’est installée, avec d’un côté un secteur moderne très développé, et de l’autre un secteur informel de subsistance. Une fracture incarnée par le parcours de Phillip Kapako, 28 ans, qui dort chaque nuit dans le parc de l’ancien zoo, avec pour seul matelas la pelouse.
Vers un second tour historique ?
Pour la première fois dans l’histoire du pays, la Swapo pourrait être contrainte à un second tour. Un scénario qui témoigne de l’ampleur du désenchantement d’une partie de la population. Mais au-delà des résultats, c’est un véritable changement de cap que les Namibiens appellent de leurs vœux.
Entre espoirs et désillusions, la Namibie se trouve à un tournant de son histoire. Les élections à venir seront décisives pour dessiner les contours du changement tant attendu. Reste à savoir si les urnes permettront de répondre aux aspirations profondes d’un peuple en quête d’un avenir meilleur.