En cette fin de campagne électorale en Namibie, le parti au pouvoir, la Swapo, a sorti l’artillerie lourde lors de son dernier meeting à Windhoek. Entre démonstration de force et appel aux militants, le parti historique entend bien conserver son emprise sur le pays malgré la menace grandissante d’une opposition déterminée.
La Swapo joue son va-tout
Devant des milliers de sympathisants rassemblés, la candidate de la Swapo à la présidentielle, Netumbo Nandi-Ndaitwah, actuelle vice-présidente, a défendu avec ardeur le bilan de son parti. Face aux critiques de l’opposition sur l’inaction du gouvernement, « Netumbo » a martelé pendant plus d’une heure les réalisations de la Swapo, appelant les militants à se montrer « très sérieux » et à convaincre les électeurs.
Car la menace est bien réelle pour le parti qui dirige sans partage le pays depuis son indépendance en 1990. L’avocat Panduleni Itula, candidat indépendant, avait créé la surprise en 2019 en rassemblant près de 30% des voix sans l’appui d’une machine partidaire. Un avertissement pour la Swapo qui avait échappé de peu à un second tour inédit.
Une ferveur militante mise à l’épreuve
Au sein des sympathisants de la Swapo, beaucoup sont militants « depuis la naissance » comme Alpheus Mvula, 52 ans. Une fidélité transmise de génération en génération, à l’image d’Eva Shangelao Nangolo, née à Cuba en 1988 où ses parents étaient en exil du temps de la lutte pour l’indépendance.
Peut-être qu’elle (la candidate de la Swapo) fera la différence pour les jeunes qui ont besoin d’emplois.
– Eva, militante de la Swapo
Car au-delà de l’enthousiasme militant, les défis sont immenses pour le pays. Avec un taux de chômage des jeunes de 46% selon les derniers chiffres de 2018, l’emploi est la préoccupation numéro un. De nombreuses militantes voient aussi d’un bon œil la possibilité d’avoir pour la première fois une femme présidente.
Un parti affaibli par les scandales
Mais la Swapo doit aussi faire face à une image ternie par plusieurs affaires de corruption. Des scandales qui ont affaibli le parti dans un pays qui reste le deuxième plus inégalitaire au monde selon la Banque mondiale. Le coût pharaonique du nouveau siège du parti, une tour de verre et de métal encore inachevée, estimé à 50 millions d’euros, a aussi suscité des critiques.
Malgré tout, les cadres du parti se veulent confiants. « La majorité ne peut être vaincue par la majorité » a balayé le président Nangolo Mbumba. Un optimisme parfois teinté d’inquiétude comme lorsque Netumbo Nandi-Ndaitwah a appelé les militants à « parler aux citoyens » et « leur expliquer comment il faut voter ».
Une pluie symbolique
À peine « Netumbo » a-t-elle commencé son discours qu’une pluie fine s’est mise à tomber sur le township de Katutura où se tenait le meeting. Un signe du ciel dans ce pays largement désertique où les précipitations sont rares et accueillies comme un bienfait. « La pluie commence au moment où je commence« , s’est amusée la candidate. « C’est le message du Seigneur.«
Un signe divin ou pas, la Swapo aura besoin de toutes les forces, terrestres et célestes, pour conserver son hégémonie lors de ce scrutin crucial. Face à une opposition en ordre de marche, le parti historique joue peut-être son avenir politique lors de ces élections.