Imaginez attendre douze heures sous un soleil brûlant pour voter, puis apprendre que le scrutin est prolongé non pas une, mais deux fois. C’est la réalité qu’ont vécue des milliers de Namibiens fin novembre 2024, dans une élection qui a marqué l’histoire : celle qui a porté une femme au pouvoir pour la première fois dans ce pays d’Afrique australe. Mais derrière cette victoire célébrée, un chaos logistique et des contestations ont secoué la nation, jusqu’à un verdict final rendu par la Cour suprême le 28 février 2025.
Une Élection Historique Sous Tension
Le 3 décembre 2024, les résultats officiels tombent : avec 57,31 % des voix, une figure du parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1990 remporte la présidence dès le premier tour. Une victoire éclatante, mais entachée par des irrégularités qui ont poussé l’opposition à crier au scandale. Que s’est-il vraiment passé lors de ce scrutin ? Retour sur une élection qui a divisé un pays de trois millions d’habitants.
Un Scrutin Plongé dans le Chaos
Prévue pour le 27 novembre, l’élection devait être un moment de fierté démocratique. Mais dès le premier jour, tout a basculé. Des files d’attente interminables, parfois jusqu’à 12 heures, ont découragé nombre d’électeurs. À cela s’ajoute une pénurie de bulletins de vote, forçant les autorités à prolonger le scrutin sur deux jours supplémentaires dans certaines zones.
D’après une source proche du dossier, ces dysfonctionnements logistiques ont suscité la colère de l’opposition, qui y voyait une manipulation. Le parti au pouvoir, en place depuis 34 ans, a-t-il profité de cette pagaille pour asseoir sa domination ? La question reste en suspens.
L’Opposition Monte au Créneau
Face à ce désordre, le principal parti d’opposition, les Patriotes indépendants pour le changement, a saisi la justice. Leur argument ? Le président par intérim aurait violé la Constitution en autorisant cette extension du vote, sur recommandation de la commission électorale. Avec un candidat arrivé second avec 25,5 % des suffrages, ils espéraient une annulation pure et simple des résultats.
« Il faut accepter ça et aller de l’avant. La Namibie ne se développera jamais si on continue à se blâmer mutuellement. »
– Le candidat de l’opposition, après le verdict
Malgré cette déclaration apaisante, le doute persiste dans les rangs de ses partisans. Pour eux, ce scrutin chaotique est un symptôme d’un système électoral à bout de souffle.
La Cour Suprême Tranche : Victoire Confirmée
Le 28 février 2025, la Cour suprême rend son verdict : le recours est rejeté. Selon le président de la Cour, l’extension du vote était légale, visant à garantir le droit de vote à ceux qui en auraient été privés autrement. Une décision pragmatique, mais qui ne convainc pas tout le monde.
« Cette prolongation n’était pas une nouvelle élection, mais une continuation du même scrutin », a-t-il précisé lors de l’audience. Les coûts du procès, partagés entre les deux parties, semblent aussi refléter une volonté d’apaisement. Mais à quel prix ?
Une Femme au Pouvoir : Symbole ou Polémique ?
À 72 ans, la nouvelle présidente entre dans l’histoire comme la première femme à diriger la Namibie. Un symbole fort dans une région où les femmes accèdent rarement aux plus hautes fonctions. Mais son élection, portée par le parti dominant depuis des décennies, soulève des questions : est-ce une réelle avancée pour l’égalité ou une continuité du statu quo ?
- Première femme présidente : un tournant historique.
- Parti au pouvoir : une domination qui perdure depuis 1990.
- Scrutin contesté : une légitimité en débat.
Pour beaucoup, cette victoire est un pas en avant, mais les conditions de son obtention laissent un goût amer. La Namibie, souvent citée comme un modèle de stabilité en Afrique, pourrait-elle voir sa réputation entachée ?
Les Leçons d’un Scrutin Controversé
Un chercheur spécialiste de la région a résumé la situation ainsi : la priorité a été donnée à la stabilité politique plutôt qu’à une transparence absolue. Si cette décision calme les tensions à court terme, elle n’efface pas les doutes sur la régularité du vote. Que serait-il arrivé si le scrutin avait été prolongé partout, et non dans certaines zones seulement ?
Aspect | Réalité | Perception |
Participation | Prolongation du vote | Droit préservé ou favoritisme ? |
Résultat | 57,31 % pour la gagnante | Victoire écrasante ou truquée ? |
Ce tableau illustre bien le fossé entre les faits et leur interprétation. La Namibie se trouve à un carrefour : célébrer une avancée historique ou remettre en question ses institutions.
Et Maintenant ?
Avec ce verdict, la nouvelle présidente prend officiellement ses fonctions, mais les défis sont immenses. Réunir un pays divisé, moderniser un système électoral défaillant et prouver sa légitimité : la tâche s’annonce colossale. Pour l’opposition, l’heure est à la réflexion : accepter la défaite ou continuer à dénoncer ?
Une chose est sûre : cette élection restera dans les mémoires, non seulement pour son issue historique, mais aussi pour les questions qu’elle laisse en suspens. La Namibie saura-t-elle tirer les leçons de ce chaos pour renforcer sa démocratie ? L’avenir nous le dira.
Une élection qui divise, une victoire qui unit ? Le débat ne fait que commencer.