Un rebondissement majeur dans l’un des plus grands scandales financiers de ces dernières années. D’après des sources judiciaires, Najib Razak, l’ancien Premier ministre de Malaisie, devra répondre début décembre d’une vingtaine de chefs d’accusation pour abus de pouvoir et blanchiment d’argent dans le cadre de l’affaire de corruption liée au fonds souverain malaisien 1MDB.
Najib Razak face à de lourdes charges
Déjà condamné à 12 ans de prison en 2022 dans un premier volet de ce tentaculaire scandale, peine réduite à 6 ans en février dernier, Najib Razak n’en a visiblement pas fini avec la justice. Lors d’une récente audience, un tribunal de Kuala Lumpur a estimé que l’accusation avait apporté des éléments de preuve crédibles pour le poursuivre dans une nouvelle affaire impliquant cette fois 2,27 milliards de ringgits (près de 478 millions d’euros).
L’ex-dirigeant de 71 ans, qui se trouvait dans le box des accusés vêtu d’un costume bleu marine, est resté calme à l’annonce de ce nouveau procès. Il devra faire face à partir du 2 décembre à :
- 4 chefs d’accusation d’abus de pouvoir, passibles chacun de 20 ans de prison
- 21 chefs d’accusation de blanchiment d’argent, passibles chacun de 5 ans de prison
Des excuses publiques mais une responsabilité niée
La semaine dernière, celui qui dirigeait le gouvernement malaisien à l’époque des faits a présenté des excuses publiques pour cet énorme détournement de fonds. Une mea culpa partielle cependant, Najib Razak affirmant ne pas avoir eu connaissance des transferts illégaux en provenance du fonds 1MDB lorsqu’il était aux manettes.
“Je souffre chaque jour de savoir que le fiasco de 1MDB s’est produit sous mes yeux, lorsque j’étais ministre des Finances et Premier ministre”
Najib Razak, ancien Premier ministre malaisien
Un scandale d’ampleur internationale
Pour rappel, le fonds 1MDB avait été créé en 2009 pour contribuer au développement économique de la Malaisie. Mais selon la justice américaine, plus de 4,5 milliards de dollars auraient été détournés entre 2009 et 2015, dans une fraude aux ramifications planétaires.
Des enquêtes ont été ouvertes dans plusieurs pays, dont les États-Unis, la Suisse et Singapour. En Malaisie, ce méga-scandale a coûté sa réélection à Najib Razak en 2018 après 9 ans au pouvoir. Un camouflet historique pour celui qui se voyait alors comme l’homme fort du pays.
Un feuilleton judiciaire loin d’être terminé
Si Najib Razak a déjà été condamné dans un premier procès, d’autres procédures sont toujours en cours. Son épouse Rosmah Mansor a elle aussi été reconnue coupable de corruption l’an dernier. Avec ce nouveau procès qui s’annonce, le feuilleton judiciaire 1MDB est donc loin de connaître son épilogue.
Ce scandale hors normes aura en tout cas durablement terni l’image de la Malaisie et de sa classe politique. Il illustre une nouvelle fois les dérives de certains dirigeants prêts à tout pour s’enrichir, au mépris de l’intérêt général et de l’état de droit. La justice malaisienne parviendra-t-elle à faire toute la lumière sur cette sombre affaire et à sanctionner tous les responsables ? Le procès de Najib Razak sera scruté de près.