Dans la ville de Dearborn au Michigan, emblématique de la communauté arabo-américaine, un vent de frustration et de désillusion souffle parmi les électeurs musulmans à la veille de l’élection présidentielle. En cause : le soutien indéfectible du président démocrate Joe Biden et de sa vice-présidente Kamala Harris aux guerres menées par Israël contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban. Un alignement qui passe mal auprès de cette communauté, traditionnellement acquise aux démocrates, et qui pourrait peser lourd dans cet État-pivot.
Le vote sanction des musulmans déçus par Biden et Harris
Comme beaucoup d’électeurs musulmans de Dearborn, Soujoud Hamade, une avocate libano-américaine de 32 ans, a décidé de bouder Kamala Harris mardi et de porter son choix sur la candidate écologiste Jill Stein. Bien que consciente que l’élection se joue entre démocrates et républicains, elle souhaite ainsi protester contre la position pro-israélienne de l’administration démocrate et tenter de faire émerger une alternative sur l’échiquier politique.
Muhammad Hijazi, un ingénieur de 28 ans qui avait voté démocrate par le passé, confie avoir lui aussi “perdu la foi”, estimant que “les démocrates n’ont aucun plan pour imposer la paix au Proche-Orient”. Un désaveu qui profite non seulement au Parti vert, mais aussi, dans une moindre mesure, à Donald Trump. Le candidat républicain a en effet réussi à obtenir le soutien de plusieurs maires musulmans de la région de Detroit.
C’est scandaleux de faire peser sur les Arabo-Américains la responsabilité de voter pour quelqu’un qui contribue directement au génocide d’autres peuples.
Soujoud Hamade, électrice musulmane de Dearborn
La politique étrangère, enjeu crucial pour la communauté
Si les questions de politique intérieure comme l’économie restent importantes, c’est bien la gestion des conflits au Proche-Orient qui cristallise les débats au sein de la communauté arabo-musulmane. Originaires pour beaucoup du Liban, de Palestine ou encore d’Irak, les habitants de Dearborn suivent avec émotion le sort de leurs pays d’origine, déchirés par les guerres. Et ils attendent des autorités américaines qu’elles jouent un rôle d’apaisement, loin du soutien inconditionnel à Israël.
Le spectre d’un basculement du Michigan
Cette prise de distance des électeurs musulmans vis-à-vis des démocrates fait peser une réelle incertitude sur le Michigan, État que Joe Biden n’avait remporté que d’une courte tête en 2020 grâce notamment au vote de Dearborn. Avec près de 55% de la population se revendiquant d’origine arabe ou nord-africaine, la ville pèse en effet lourd dans la balance électorale.
Les stratèges démocrates craignent donc qu’une démobilisation, même partielle, de cet électorat ne fasse basculer l’État dans le camp républicain. Un scénario catastrophe que Kamala Harris tente d’éviter en multipliant les déplacements de dernière minute. Mais pour de nombreux électeurs déçus, il est déjà trop tard. Reste à voir si leur colère trouvera une traduction dans les urnes et fera vaciller le fragile équilibre électoral du Michigan.
Cette prise de distance des électeurs musulmans vis-à-vis des démocrates fait peser une réelle incertitude sur le Michigan, État que Joe Biden n’avait remporté que d’une courte tête en 2020 grâce notamment au vote de Dearborn. Avec près de 55% de la population se revendiquant d’origine arabe ou nord-africaine, la ville pèse en effet lourd dans la balance électorale.
Les stratèges démocrates craignent donc qu’une démobilisation, même partielle, de cet électorat ne fasse basculer l’État dans le camp républicain. Un scénario catastrophe que Kamala Harris tente d’éviter en multipliant les déplacements de dernière minute. Mais pour de nombreux électeurs déçus, il est déjà trop tard. Reste à voir si leur colère trouvera une traduction dans les urnes et fera vaciller le fragile équilibre électoral du Michigan.