C’est une mission personnelle qu’il s’est donnée. Depuis 2020, Arnaud Frilley, producteur passionné, est le nouveau directeur du Conservatoire Rachmaninoff à Paris. Bien décidé à faire renaître de ses cendres ce haut lieu de la culture russe créé il y a un siècle, il se bat chaque jour pour préserver cet héritage unique. Un défi de taille en ces temps troublés, mais qu’il relève avec fougue et détermination.
Un joyau culturel russe à Paris
Situé Quai de New York, face à la Seine, le Conservatoire Rachmaninoff est un témoignage vivant de la présence russe dans la capitale française. Fondé en 1923 par des émigrés fuyant la révolution bolchévique, il a formé des générations de musiciens, danseurs et chanteurs, perpétuant l’âme slave loin de la mère patrie.
C’est un endroit chargé d’histoire et d’émotion. On y ressent la présence des grands maîtres qui y ont enseigné, des élèves qui s’y sont épanouis.
confie Arnaud Frilley avec une pointe de nostalgie.
Mais au fil des décennies, le conservatoire a peu à peu décliné, victime d’un manque de moyens et de reconnaissance. Jusqu’à ce qu’Arnaud Frilley s’en mêle. Tombé sous le charme de ce lieu lors d’une visite, ce producteur éclectique a tout de suite su qu’il tenait là un trésor à sauver.
Rénover, moderniser, faire rayonner
Depuis sa prise de fonction, Arnaud Frilley se démène pour redonner au conservatoire son lustre d’antan. Avec son équipe de la Société Musicale Russe en France (SMRF), il a lancé un vaste chantier de rénovation pour remettre aux normes les bâtiments vieillissants. Mais aussi pour les moderniser et les adapter aux besoins actuels des élèves et professeurs.
En parallèle, il s’active pour enrichir l’offre pédagogique et attirer de nouveaux talents. Musique, danse, chant… Toutes les disciplines artistiques typiquement russes ont droit de cité. L’idée étant de perpétuer cet héritage culturel unique, mais aussi de le faire découvrir au plus grand nombre.
Car c’est bien là l’autre grand défi d’Arnaud Frilley : ouvrir le conservatoire sur l’extérieur et le faire rayonner. Pour cela, il multiplie les partenariats, les événements, les master classes. L’objectif ? Faire de ce lieu centenaire un véritable centre culturel russe, vivant et contemporain, au cœur de Paris.
L’art au-delà de la politique
Une tâche ardue en cette période de tensions diplomatiques entre la France et la Russie. Mais Arnaud Frilley veut justement transcender les clivages politiques par le prisme de l’art et de la beauté. Pour lui, la culture n’a pas de frontières et doit rester un trait d’union entre les peuples.
La musique, la danse, le chant… C’est un langage universel qui nous parle à tous. Peu importe nos origines ou nos opinions. L’essentiel est ailleurs, dans l’émotion partagée.
martèle-t-il avec conviction.
Un message humaniste qu’il porte haut et fort, malgré les obstacles et les critiques. Car Arnaud Frilley est un homme de passion et de conviction, prêt à se battre pour ses valeurs. Peu lui importent les polémiques stériles, seule compte à ses yeux la transmission de ce patrimoine artistique inestimable.
Un avenir plein de promesses
Alors qu’approche le centenaire du conservatoire en 2023, les projets se bousculent. Concerts, spectacles, expositions… Autant d’événements pour célébrer ce siècle d’histoire et de création. Mais aussi pour ouvrir un nouveau chapitre, résolument tourné vers l’avenir.
Avec en apothéose, l’installation d’une statue monumentale de Serge Rachmaninoff, le célèbre compositeur russe qui a donné son nom à l’institution. Un symbole fort, témoignant de l’attachement indéfectible d’Arnaud Frilley à ce lieu d’exception. Et une belle façon de rendre hommage à tous ceux qui, comme lui, œuvrent à la préservation de l’âme russe à Paris.
Nul doute qu’avec un tel capitaine à sa barre, le Conservatoire Rachmaninoff a encore de beaux jours devant lui. Et qu’il continuera longtemps à faire vibrer les cœurs et les esprits, par-delà les époques et les frontières.
