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MSF Accuse La Police Et Une Milice D’exécutions Illégales En Haïti

Médecins Sans Frontières dénonce une attaque d'une violence inouïe contre des patients blessés et son personnel médical par la police haïtienne et une milice. Plusieurs patients ont été exécutés et les ambulanciers agressés, remettant en cause la capacité de MSF à apporter des soins essentiels à une population en détresse dans un contexte d'insécurité extrême...

Une attaque d’une violence inouïe a été perpétrée contre une ambulance de Médecins Sans Frontières (MSF) transportant des patients blessés par balle le 11 novembre dernier à Port-au-Prince, capitale d’Haïti. Selon l’ONG, la police haïtienne a intercepté le véhicule médical et l’a contraint à se rendre à l’hôpital public La Paix plutôt qu’à l’établissement MSF de Drouillard. Sur place, les forces de l’ordre accompagnées d’une milice d’autodéfense ont encerclé l’ambulance, percé ses pneus, agressé le personnel humanitaire à coups de gaz pour les forcer à sortir, avant d’emmener les blessés hors de l’hôpital pour en abattre au moins deux.

MSF condamne avec la plus grande fermeté cet acte effroyable visant à la fois des patients vulnérables nécessitant des soins urgents et le personnel médical. Ces exécutions extrajudiciaires et ces violences inacceptables remettent sérieusement en cause la capacité de l’organisation à poursuivre ses activités vitales auprès de la population haïtienne, confrontée à une situation humanitaire et sécuritaire catastrophique.

Une crise humanitaire sur fond d’instabilité chronique

Haïti, nation des Caraïbes, est englué depuis des décennies dans une instabilité politique chronique qui paralyse son développement. Mais ces derniers mois, le pays fait face à une résurgence alarmante de la violence des gangs armés qui règnent en maîtres sur la capitale. Accusés d’innombrables exactions (meurtres, viols, pillages, kidnappings…), ces groupes criminels contrôleraient désormais près de 80% de Port-au-Prince. En ce début d’année, ils ont uni leurs forces dans le but affiché de renverser le gouvernement du Premier ministre Ariel Henry.

C’est dans ce contexte explosif que s’inscrit l’attaque contre MSF, qui s’efforce d’apporter une aide médicale cruciale aux populations prises en étau. L’ONG opère en Haïti depuis 1991 malgré les immenses défis logistiques et sécuritaires. Mais ces violences inouïes contre patients et soignants menacent la poursuite de sa mission.

Le cri d’alarme de Médecins Sans Frontières

Christophe Garnier, chef de mission de MSF en Haïti, tire la sonnette d’alarme face à une situation devenue intenable :

Cet acte est d’une violence inouïe, à la fois pour les patients et pour le personnel médical MSF, et remet sérieusement en question la capacité de MSF à pouvoir délivrer des soins essentiels à la population haïtienne, qui en manque cruellement. Nos équipes et nos patients ont besoin d’un minimum de sécurité pour continuer à assurer la prise en charge médicale.

Un appel poignant qui souligne l’urgence d’agir pour endiguer le chaos meurtrier qui submerge Haïti et préserver l’accès aux services de base comme les soins, dans un pays où le système de santé est déjà à genoux. Des incidents aussi graves sapent la neutralité et la protection des personnels humanitaires, principes fondamentaux du droit international.

La communauté internationale doit réagir

Face à la spirale de violence qui ensanglante Haïti, la communauté internationale peine encore à définir une réponse à la hauteur des enjeux. L’ONU a certes dépêché une mission d’évaluation, mais de l’aveu même du Conseil de sécurité, la situation continue de se détériorer dangereusement sur le terrain.

Les pays amis d’Haïti, France et États-Unis en tête, doivent d’urgence intensifier leur engagement diplomatique pour tenter de ramener stabilité et État de droit, en soutien des autorités légitimes et en concertation avec la société civile. Les aides au développement et humanitaires sont cruciales mais ne suffiront pas sans un processus politique crédible pour sortir la perle des Antilles de l’ornière.

Au plan sécuritaire, une action résolue est indispensable pour redéployer la police et la justice sur l’ensemble du territoire, démanteler les gangs, protéger les populations civiles et restaurer l’accès des acteurs humanitaires. Mais la voie est étroite entre appui, ingérence et respect de la souveraineté haïtienne.

Le drame qui a frappé MSF illustre de façon cruelle le quotidien d’un peuple haïtien pris en otage par les bandes armées, lâché par ses élites et ses institutions. Entendre son appel au secours et lui tendre la main est un impératif moral autant qu’un enjeu de stabilité régionale. En commençant par sanctuariser l’aide humanitaire, dernier rempart contre le chaos pour les plus vulnérables.

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