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Mozambique : Un Nouveau Gouvernement Nommé, Tous Issus du Frelimo

Le Mozambique entre dans une nouvelle ère politique sous le signe du parti unique. Malgré les promesses de dialogue et de réunification, le nouveau président Daniel Chapo a nommé un gouvernement composé exclusivement de membres du Frelimo. Une décision qui risque d'attiser les tensions dans un pays encore secoué par de violentes manifestations post-électorales...

Le Mozambique entame un nouveau chapitre de son histoire politique, mais sous le signe de la continuité. Mercredi, lors d’une cérémonie d’investiture sous haute sécurité, Daniel Chapo est devenu le nouveau président de ce pays d’Afrique australe. Et il n’a pas perdu de temps pour nommer son gouvernement, dévoilé ce vendredi. Sans surprise, tous les postes clés ont été attribués à des membres du Frelimo, le parti qui détient les rênes du pouvoir depuis un demi-siècle.

Pourtant, les dernières élections présidentielles d’octobre avaient été marquées par de violentes manifestations. L’opposition, menée par Venancio Mondlane, conteste toujours les résultats officiels qui donnent M. Chapo vainqueur. Selon une ONG locale, au moins 307 personnes auraient perdu la vie dans ces troubles, dont sept le jour même de l’investiture. Des chiffres que la police refuse de commenter.

Un gouvernement monocolore malgré les promesses de dialogue

Dans son discours inaugural, le nouveau chef de l’État avait pourtant affirmé qu’un dialogue politique était en cours afin de réunifier le pays. Mais force est de constater qu’aucune concession n’a été faite à l’opposition dans la composition du nouveau gouvernement.

Le poste de Premier ministre a été confié à Maria Benvida Delfina Levi, jusqu’alors ministre de la Justice. Cristovao Artur Chume, ancien ministre de la Défense, conserve son portefeuille. Tous deux sont des figures éminentes du Frelimo. Plusieurs autres ministères clés, comme celui de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports, n’ont pas encore été attribués. Mais aucun doute qu’ils reviendront aussi à des proches du parti au pouvoir.

L’opposition appelle à cesser « le génocide silencieux »

Face à cette mainmise du Frelimo sur les institutions, l’opposition ne décolère pas. Venancio Mondlane, qui se présente toujours comme le vainqueur légitime de la présidentielle, a publié un message sur Facebook pour appeler à la paix. Mais derrière cet appel au calme, il dénonce « un génocide silencieux qui se déroule au Mozambique ».

Il y a un impératif, il y a une demande pour arrêter toute violence contre la population. Nous devons arrêter le génocide silencieux qui se déroule au Mozambique.

Venancio Mondlane, chef de l’opposition mozambicaine

Le leader de l’opposition réclame également l’indemnisation des victimes des violences, la libération des manifestants arrêtés et la création d’une structure indépendante pour enquêter sur les « possibles mauvais comportements attribués à la police ».

Vers une aggravation des tensions ?

De son côté, le président Daniel Chapo semble avoir entendu ces critiques sur l’usage excessif de la force par la police. Dans son discours d’investiture, il a annoncé la mise en place d’une « structure indépendante avec une supervision civile » pour faire la lumière sur ces allégations.

Mais pour beaucoup d’observateurs, cette promesse a peu de chances de se concrétiser. Et sans un véritable partage du pouvoir avec l’opposition, le risque est grand de voir les tensions s’aggraver dans ce pays encore meurtri par une longue guerre civile. Les prochains mois seront déterminants pour savoir si le Mozambique s’engage sur la voie de la réconciliation ou au contraire vers une nouvelle période de turbulences.

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