Le Mozambique traverse une période de forte incertitude politique à l’approche de la validation attendue des résultats des élections générales du 9 octobre dernier. Alors que le parti historique Frelimo a été proclamé vainqueur, l’opposition conteste farouchement les résultats et menace de plonger le pays dans le chaos en cas de confirmation de sa défaite.
Un scrutin entaché d’irrégularités et de violences
Ces élections, qui devaient tourner la page de près d’un demi-siècle de pouvoir du Frelimo, ont été marquées par de nombreuses irrégularités relevées par les observateurs internationaux. La crédibilité du scrutin a été sérieusement entamée par l’assassinat de deux figures de l’opposition quelques jours avant l’annonce des résultats donnant le candidat du Frelimo, Daniel Chapo, vainqueur avec 71% des voix.
Le principal opposant, Venancio Mondlane, crie à la fraude massive. Selon son décompte parallèle, il aurait obtenu 53% des voix contre seulement 20% attribuées par la commission électorale. Depuis l’étranger, il appelle ses partisans à paralyser le pays et promet le « chaos » et le « désordre » si le Conseil constitutionnel, qui a jusqu’à lundi pour statuer, valide ces résultats.
Une contestation qui ne faiblit pas
Malgré une répression brutale des forces de l’ordre qui ont fait usage de balles réelles, les manifestations et blocages initiés par les pro-Mondlane ne faiblissent pas depuis deux mois. Mines, centrales électriques, frontières… Les points névralgiques du pays sont ciblés pour obtenir l’invalidation du scrutin.
Le pays est entre vos mains
– L’ultimatum de Venancio Mondlane au Conseil constitutionnel
L’appel de l’opposant, dont la vidéo a été vue plus de 2,4 millions de fois, semble avoir été entendu par une jeunesse exaspérée par le manque de perspectives dans un des pays les plus pauvres du monde. Venancio Mondlane, qui a promis de passer à la vitesse supérieure en cas de validation, dit craindre que le président sortant n’utilise ces troubles pour s’accrocher au pouvoir au-delà de la limite de deux mandats via l’état d’urgence.
Des lendemains incertains
Si le calme est revenu ces derniers jours, le pays retient son souffle avant la décision du Conseil constitutionnel. De l’avis de nombreux observateurs, la situation pourrait dégénérer violemment comme l’explique Johann Smith, analyste en risques politiques :
Je suis convaincu que si lundi, le Conseil constitutionnel déclare l’élection libre et équitable – ce qu’il fera, j’en suis certain à 100% – le sang va couler. Je ne vois pas comment ça pourrait se passer autrement.
– Johann Smith, analyste
Signe d’une forte préoccupation, les Etats-Unis ont rehaussé leur niveau d’alerte aux voyageurs et les entreprises étrangères établissent des plans d’urgence. Même au sein du parti au pouvoir, certains redoutent que le président Nyusi n’instrumentalise la situation pour se maintenir. Après des décennies d’un pouvoir sans partage, le Mozambique joue son avenir démocratique dans les prochains jours. La communauté internationale appelle toutes les parties à la retenue pour éviter le pire dans ce pays déjà meurtri.