Imaginez un pays d’Afrique australe, riche en ressources naturelles, mais confronté à des défis sécuritaires majeurs. Au Mozambique, un projet gazier colossal, suspendu depuis une attaque dévastatrice en 2021, s’apprête à renaître. Ce projet, porté par un géant français des hydrocarbures, pourrait transformer l’économie du pays, mais à quel prix ? Plongeons dans cette actualité brûlante, où économie, énergie et géopolitique s’entremêlent.
Un projet gazier relancé après quatre ans d’attente
Après plus de quatre années d’interruption, le consortium Mozambique LNG, dirigé par une grande entreprise française, a décidé de lever l’état de force majeure instauré en 2021. Cette décision marque une étape décisive pour un projet d’envergure évalué à 20 milliards de dollars. Située à Afungi, dans la province de Cabo Delgado, l’usine de gaz naturel liquéfié (GNL) ambitionne de repositionner le Mozambique sur l’échiquier énergétique mondial. Cependant, cette relance attend encore l’approbation finale du gouvernement mozambicain, qui devra valider un addendum au plan de développement, incluant des ajustements budgétaires et un nouveau calendrier.
Le signal donné par les industriels est clair : le projet est prêt à redémarrer. Cette annonce, relayée officiellement à la présidence mozambicaine, intervient dans un contexte où le président Daniel Chapo se rend aux États-Unis pour visiter le siège d’une autre grande compagnie pétrolière. Ce déplacement souligne l’importance stratégique de l’industrie gazière pour le pays.
Un potentiel économique colossal
Le projet Mozambique LNG n’est pas un simple investissement industriel. Il pourrait faire du Mozambique l’un des dix premiers producteurs mondiaux de gaz d’ici 2040, selon un rapport récent d’un cabinet d’audit international. Avec une contribution estimée à 20 % de la production africaine de gaz naturel, ce projet représente une opportunité économique sans précédent pour ce pays d’Afrique australe. Mais comment se traduit ce potentiel sur le terrain ?
- Création d’emplois : Des milliers de postes directs et indirects pourraient dynamiser l’économie locale.
- Revenus fiscaux : Les exportations de GNL généreraient des rentrées financières massives pour l’État.
- Infrastructures : Les investissements associés favoriseraient le développement de routes, ports et réseaux énergétiques.
Pourtant, ce tableau optimiste ne doit pas occulter les défis. La province de Cabo Delgado, où se concentre le projet, reste marquée par une instabilité persistante, rendant chaque avancée incertaine.
Un contexte sécuritaire préoccupant
En 2021, une attaque jihadiste d’ampleur dans la ville de Palma a bouleversé la région, faisant plus de 800 morts selon une ONG spécialisée dans l’analyse des conflits. Cet événement a conduit à la suspension immédiate du projet gazier. Si aucune attaque de cette envergure n’a été recensée depuis, l’insurrection, affiliée à l’État islamique, reste active. En 2025, les Nations unies ont rapporté 633 attaques contre des civils dans la région, un chiffre presque double de celui de l’année précédente.
« La sécurité reste une priorité absolue pour garantir la viabilité de ce projet. »
Les accusations d’exactions portées contre les forces mozambicaines chargées de protéger le site en 2021 ont également terni l’image du projet. Des enquêtes, menées par la justice mozambicaine et la commission nationale des droits humains, sont en cours pour faire la lumière sur ces allégations. Par ailleurs, des plaintes ont été déposées contre l’entreprise française par des sous-traitants et des familles de victimes, qui estiment que leur sécurité n’a pas été suffisamment assurée.
Un impact environnemental controversé
Les projets gaziers, comme celui d’Afungi, ne font pas l’unanimité. Les organisations environnementales qualifient ces initiatives de « bombes climatiques », pointant du doigt leur impact sur le réchauffement global. Depuis la découverte de gigantesques réserves de gaz au large de Cabo Delgado au début des années 2010, la région est devenue un point névralgique pour l’industrie énergétique, mais aussi un sujet de débat mondial.
| Aspect | Impact |
|---|---|
| Émissions de CO2 | Risque d’augmentation significative des gaz à effet de serre. |
| Écosystèmes locaux | Perturbations des habitats marins et terrestres. |
| Communautés | Déplacements de populations et impacts sociaux. |
Ces critiques environnementales s’ajoutent aux préoccupations sécuritaires, créant un climat de méfiance autour du projet. Pourtant, les acteurs industriels restent confiants, arguant que le gaz naturel, considéré comme une énergie de transition, jouera un rôle clé dans la diversification énergétique mondiale.
Un domino énergétique pour l’Afrique
La relance du projet Mozambique LNG pourrait avoir des répercussions au-delà des frontières du pays. Une autre grande compagnie pétrolière, présente dans la région, a conditionné sa décision d’investissement dans un projet concurrent, Rovuma LNG, à la levée de l’état de force majeure par le consortium français. Cette interdépendance montre à quel point les décisions dans le secteur énergétique africain sont interconnectées.
En parallèle, un autre acteur italien exploite déjà un site offshore depuis 2022, avec une capacité moindre mais significative. Un second projet, plus au nord, a été officialisé récemment, renforçant l’attractivité de la région pour les investisseurs. Ces initiatives cumulées pourraient transformer le Mozambique en un hub énergétique majeur.
Points clés à retenir :
- Le Mozambique pourrait devenir un acteur clé du marché mondial du gaz.
- Les projets gaziers attirent des investissements massifs, mais suscitent des controverses.
- La sécurité et l’environnement restent des enjeux majeurs pour la région.
Perspectives et défis à venir
La relance du projet gazier à Afungi est une nouvelle encourageante pour l’économie mozambicaine, mais elle ne marque que le début d’un long chemin. Les autorités devront conjuguer développement économique, sécurité des populations et respect des engagements environnementaux. La validation par le conseil des ministres sera une étape cruciale, tout comme la capacité du pays à garantir un climat stable pour les investisseurs.
En attendant, les regards se tournent vers Cabo Delgado, où les espoirs d’un avenir prospère se mêlent aux incertitudes d’une région en proie à l’instabilité. Ce projet, s’il aboutit, pourrait redéfinir l’avenir énergétique de l’Afrique, mais il exigera un équilibre délicat entre ambition et responsabilité.
« L’énergie est une opportunité, mais aussi une responsabilité. Le Mozambique doit relever ce défi avec prudence. »
En conclusion, la relance du projet Mozambique LNG est un pari audacieux pour un pays en quête de croissance économique. Entre opportunités économiques, défis sécuritaires et préoccupations environnementales, ce projet incarne les tensions et les espoirs d’une nation à la croisée des chemins.









