Le Mozambique traverse une crise politique majeure depuis les élections générales controversées du 9 octobre dernier. Venancio Mondlane, leader de l’opposition, s’est dit prêt à entamer des discussions avec le président sortant Filipe Nyusi, mais à des conditions strictes. Il réclame notamment l’abandon de toutes les charges retenues contre lui et son parti, ainsi que des excuses publiques et des indemnisations pour les victimes de la répression sanglante des manifestations post-électorales.
Un scrutin truqué selon l’opposition
Venancio Mondlane, candidat malheureux à la présidentielle sous la bannière du parti Podemos, conteste farouchement les résultats officiels qui donnent une large victoire à Filipe Nyusi et son parti Frelimo. Il dénonce des fraudes massives et un scrutin truqué en faveur du pouvoir en place. Son refus de reconnaître sa défaite a entraîné de violentes manifestations dans plusieurs villes du pays, sévèrement réprimées par les forces de sécurité.
Une répression meurtrière
Selon des organisations de défense des droits de l’homme, la police aurait fait usage de balles réelles face aux manifestants, faisant de nombreuses victimes. L’ONG Centre pour la démocratie et les droits humains (CDD) évoque un bilan d’au moins 65 morts, tandis que Venancio Mondlane parle de 60 tués. De son côté, le président Nyusi a déclaré que 19 personnes avaient perdu la vie, dont cinq policiers.
Cela doit être un dialogue authentique, et non plein de pièges.
– Venancio Mondlane, leader de l’opposition mozambicaine
Des poursuites judiciaires contre l’opposition
Craignant pour sa sécurité, Venancio Mondlane aurait quitté le pays après le scrutin. L’État a engagé des poursuites pénales et civiles contre lui et son parti, réclamant des dommages pour les dégâts causés lors des manifestations. L’opposant exige l’annulation de toutes ces procédures avant d’accepter un éventuel dialogue avec le président Nyusi.
Les autres revendications de l’opposition
Outre l’abandon des charges, Venancio Mondlane demande également :
- Des excuses publiques pour les victimes de la répression
- Des indemnisations pour les familles des personnes tuées
- Des réformes constitutionnelles, économiques et électorales
Il souhaite par ailleurs une participation “virtuelle” à l’échange proposé par le président le 26 novembre, probablement pour des raisons de sécurité.
Vers une sortie de crise ?
Les conditions posées par l’opposition pour un dialogue avec le pouvoir laissent entrevoir la difficulté de trouver une issue rapide à cette crise post-électorale. Le président Nyusi, qui doit céder le pouvoir à son successeur désigné Daniel Chapo en janvier, semble néanmoins déterminé à apaiser les tensions avant son départ. Reste à savoir s’il sera prêt à faire les concessions exigées par Venancio Mondlane pour ramener le calme dans le pays.
Le Mozambique, qui peine à se remettre de décennies de guerre civile, espérait tourner la page des violences avec ce scrutin. Mais les accusations de fraude, les manifestations meurtrières et le bras de fer entre le pouvoir et l’opposition replongent le pays dans l’incertitude. La communauté internationale, qui a salué la tenue des élections, s’inquiète désormais des dérives autoritaires du régime et de la détérioration de la situation des droits de l’homme.
La balle est désormais dans le camp du président Nyusi. S’il veut éviter que son départ ne soit entaché par une grave crise politique, il devra faire preuve d’ouverture et accepter un véritable dialogue avec une opposition qui se sent flouée et réprimée. Sans compromis, le Mozambique pourrait s’enfoncer dans une nouvelle période d’instabilité aux conséquences imprévisibles.